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23/05/2009
Silent ruins
ISOLE
 
Dans le petit univers du doom metal mélodique et lyrique, le quatuor suédois ISOLE s’était joliment signalé en 2005 avec son premier album Forevermore, confirmé en 2006 par le superbe Throne of Void. Succédant à Hate Records, le label indépendant autrichien Napalm Records publia en 2008 le troisième effort du groupe, Bliss Of Solitude, qui me laissa une impression assez mitigée. Les compositions étaient d’un niveau honorable, sans plus, manquant de relief et de passion.
Un an après ce relatif faux pas, ISOLE remet les pendules à l’heure et hausse son niveau de jeu avec ce Silent Ruins remarquable. Le groupe évolue plus que jamais dans un style doom classique aux lignes claires et mélodiques, à la tonalité lancinante et désespérée. Mais cette fois-ci, nos Suédois ont fignolé leurs mélodies et leurs arrangements tant vocaux qu’instrumentaux.

Une fois n’est pas coutume, il faut rendre un hommage appuyé au travail très intelligent du batteur Jonas LINDSTRÖM qui sait faire vivre chaque tempo lent ou médium par des variations dans son jeu (cymbales, charleston, double grosse caisse) qui contribuent indéniablement à éloigner toute sensation de linéarité.
Quoiqu’à la limite du traditionnalisme post-CANDLEMASS, ISOLE ouvre avec ambition cet album avec le titre From The Dark, impressionnante pièce de doom majestueux aux multiples séquences, culminant à 11 minutes, sans que l’ennui ne pointe son vilain nez. Le chant clair est ponctué de parties plus chorales du meilleur effet. L’ambiance lyrique et sinistre est discrètement renforcée par de fantômatiques arrangements de claviers. A la toute fin de ce monument, un chant death glacial vient troubler l’ordonnancement général : délicieuse irruption de la brutalité dans un paysage morbide.
Plus loin dans l’album, le morceau hypnotique Soulscarred fait la part belle aux riffs d’airain, à de limpides arpèges de guitare, à un chant poignant. Exempt de batterie et de basse, Peccatum s’avère carrément atmosphérique, avec son instrumentation basée sur des entrelacs de piano et de synthés.
ISOLE clôt ce disque avec un second monument de plus de 11 minutes, Dark Clouds. Ce titre impérial se distingue surtout par ses parties de guitare solo splendides et l’irruption d’un chant guttural et spectral à mi-morceau : le contraste est absolument saississant !

Je recommande cet album aux fans de doom et à toutes celles et ceux qui conchient le retour du printemps et des petites fleurs. Avec ISOLE, l’excellence musicale se conjugue avec une ambiance pour le moins sombre : que demander de plus à un groupe de doom classique ?
Alain
Date de publication : samedi 23 mai 2009