16 / 20
07/01/2010
For the sake of no one
REVELATION
 
Ancien groupe des écuries Rise Above et Hellhound dans les années 90, le trio américain REVELATION a fait un retour certes discret, néanmoins très intéressant avec l’album Release en 2008. A ses débuts, le groupe cotoyait des camarades de labels comme UNORTHODOX, WRETCHED, IRON MAN, INTERNAL VOID, formations qui déclinaient avec brio l’héritage de SAINT VITUS et THE OBSESSED.

De son côté, REVELATION faisait entendre une petite musique différente puisque, tout en assumant l’héritage métallique de ses aînés et plus généralement du Metal des années 70, le trio ajoutait une légère touche de progressif par le biais de structures souvent changeantes, de cassures de rythmes intéressantes.
A la toute fin de 2009, le trio expose à nouveau sa conception d’un Heavy Doom sans concession d’aucune espèce par le biais de For the Sake of No One.

Complètement en dehors des modes, des tendances, des règles préétablies, REVELATION persiste à pratiquer une musique lente, lourde, très marquée par les années 60 et 70. Guitariste et chanteur sur les deux premiers albums du groupe, de retour après une éclipse, John BRENNER apporte un jeu très inspiré de Tony IOMMI, très bluesy, riche en harmoniques. Peu technique, voire assez fragile, son chant met en oeuvre une voix blanche, dépressive, jamais agressive ni lyrique, qui n’en apporte pas moins une patine fantômatique du meilleur effet.

Une mention spéciale doit être accordée au jeu de basse de Bert HALL, rond et gras, ne se contentant pas de suivre les riffs mais jouant quasiment en lead, à la manière des grands maîtres des 60’s et 70’s (Jack BRUCE, Geezer BUTLER, John ENTWISTLE). Seul membre permanent du groupe depuis ses débuts, le batteur Steve BRANAGAN tient la baraque avec une sobriété et une pertinence de bon aloi.

La production un rien cotonneuse, assurément live et sans fioritures, contribue à l’étrangeté de l’ensemble. Beaucoup peineront à pénétrer ce son si particulier et ces compositions sinueuses, aux structures plus complexes qu’il n’y paraît de prime abord. For the Sake of No One se mérite et nécessite de se laisser porter, contrairement aux album de Metal forts en gueule, qui s'imposent brutalement.

Cela sent bon l’artisanat, la pratique pour le plaisir pur. Pour être honnête, cet album intéressera fort peu le « grand public » métallique mais attirera je l’espère les amateurs invétérés de musiques obscures et sincères.
Alain
Date de publication : jeudi 7 janvier 2010