18 / 20
05/06/2010
Garden of worm
GARDEN OF WORM
 
Le trio finlandais GARDEN OF WORM vient de réaliser une double performance : commettre un remarquable premier album et proposer une des pires pochettes jamais vues !
Traditionnalistes dans l’âme, nos trois amis venus du froid ont adopté les codes du Doom Metal traditionnel tout en posant les bases d’un particularisme notoire.

Versant traditionnel, on trouve l’inspiration morbides, les ambiances mortifères, les tempos lents, les morceaux plutôt longs, les riffs hérités de BLACK SABBATH et un chant clair et plutôt posé (assumé par le bassiste, avec le renfort du guitariste).

Versant plus personnel, le trio sait habilement habiller ses compositions avec des arrangements qui font les différences. Ainsi, les riffs ultra Heavy de The Black Clouds et de Spirits of the Dead sont subtilement mis en perspective par des effets qui confèrent une touche 70’s ; ce dernier morceau est coupé par un break plus calme et acoustique, agrémenté de touches progressives, avant que le thème initial ne vienne clôre le morceau. On retrouve le procédé du break plus calme et très étrange sur l’impressionnant Psychic Wolves. Rays of Heaven est un instrumental bâti autour d’une guitare acoustique rejointe par des claviers aux sonorités flûtées, avec un résultat oscillant entre sérénité et menace latente. Sur l’excellent The Alchemist’s Dream, le chant en doublon se fait presque hallucinatoire. Hollow clôt l’album de façon particulièrement austère : le riff d’intro est déroulé pendant plus de deux minutes, avant qu’un chant fragile et désespéré entame son oraison funèbre pendant plus de dix minutes. On ressort positivement éreinté de cette récitation lancinante de Doom.

Evoluer en formation de trio est souvent périlleux. Pourtant, l’alchimie entre les trois musiciens est parfaite : le guitariste E.J. TAIPALE occupe intelligemment l’espace sonore, à la manière d’un Scott Wino WEINRICH (SAINT VITUS, THE OBSESSED) ; son collègue bassiste S.J. HARJU peut aussi assurer des lignes grondantes basiques et des passages plus mobiles en lead ; le batteur J.M. SUVANTO ponctue pesamment de la caisse claire et de la grosse caisse, en prenant soin toutefois d’agrémenter cette austérité rythmique d’un jeu de cymbales et de toms passablement 60’s-70’s dans l’esprit.

GARDEN OF WORM se pose en chaînon manquant entre certaines formations de la NWOBHM comme WITCHFINDER GENERAL, le Doom traditionnel de THE OBSESSED et le Doom plus barré à la REVEREND BIZARRE (en moins extrême tout de même). Admirable.
Alain
Date de publication : samedi 5 juin 2010