18 / 20
07/11/2010
Victims of the modern age
STAR ONE
 
8 ans après le fabuleux Space Métal, album écrit sous la bannière STAR ONE, et quelques 15 mois après le poignant On This Perfect Day avec GUILT MACHINE, l'infatigable (nous sommes en droit de nous demander quand L'Hollandais dort...) Arjen Anthony LUCASSEN réactive STAR ONE avec un deuxième album : Victims Of The Modern Age. Qui est, disons-le d'emblée, un joyau de plus à la couronne discographique du Maître (pour un bref résumé de ses exploits musicaux, et pour éviter de m'auto-plagier, je vous renvoie à la chronique, en ces pages d'un âge moderne, de On This Perfect Day - GUILT MACHINE).

Comme il est bien connu que l'on ne change pas une équipe qui gagne... Monsieur LUCASSEN a de nouveau fait appel et confiance aux "Intergalactic Space Crusaders" qui officiaient sur le premier album : Ed WARBY (batterie), Peter VINK (basse), Joost VAN DEN BROEK (soli de claviers sur 5 titres) et Gary WEHRKAMP (soli de guitares sur 4 titres). Arjen pilote quant à lui en grand seigneur les guitares et les claviers (Hammond, Melotron, et synthés analogiques). Les voix sont assurées (et de quelle manière !) par Sir Russel ALLEN, Damian WILSON, Dan SWANÖ (qui remplace Robert SOETERBOEK) et la plantureuse Floor JANSEN. Rien que du Beau Monde qu'il est, je pense, maintenant bien inutile de vous présenter dans le détail !
Les 9 nouvelles compositions (8 plus une intro) d'Arjen (je me permets cette légère familiarité, depuis le temps que ses albums se cramponnent à mes platines) sont, comme à l'habitude, ancrées dans la science fiction, cette fois-ci de préférence sur terre que dans les airs.
Mais le ton s'est ici durci ! Gommées, où plutôt floutées, les ardeurs progressives. Même si les claviers, omniprésents, fouettent les compositions et s'autorisent des passes d'armes superbes avec les guitares, c'est plutôt à un Heavy Métal mélodique, racé et dynamique que son auteur nous convie (Digital Rain, le rapide Human See, Human Do, Cassandra Complex, It's Alive, She's Alive, We're Alive). Earth That Was, 24 Hours et son alternance de calme et de rage, ainsi que It All Ends Here, composé de 3 parties (où Arjen plaque sur la 2ème partie un passage façon clin d'oeil à PINK FLOYD), sont un ton plus sombres, plus lourds dans leur développement. Avec son final ahurissant et son ambiance orientale, Victims Of The Modern Age peut paraître le titre le moins agressif. Mais l'impression générale reste toutefois un déluge rythmique et la présence de guitares survoltées et énergiques comme Arjen nous en avait pas spécialement habitué (sauf peut-être sur Flight Of The Migrator, la 2ème entité de Universal Migrator [2000]).
Le (les !) chant n'est qu'une surenchère de prouesse vocale : Sir Russel ALLEN suscite la force, la puissance (la phrase finale sur Digital Rain !), Damian WILSON la pureté et la clarté (24 hours), Dan SWANÖ ménage le côté sombre des titres (sa voix d'outre-tombe / Death sur Human See, Human Do). Floor JANSEN ne manque pas non plus de coffre et amène une énergie toute féminine. Sacré quatuor, qui à l'envie et au gré des titres se répond, ou s'harmonise ensemble.
Arjen, comme toujours, ne néglige pas l'habillement de sa musique. La production est tout bonnement excellente (enregistrement, production, mixage et mastering ont été réalisé à son studio, le Electric Castle).
Après GUILT MACHINE, c'est de nouveau Christophe DESSAIGNE qui signe l'atwork de cet album, hyper soigné et diablement réussi. Et rappelle, en quelques photos de génie, des instantanés du film La Route, de John HILLCOAT, tiré du roman éponyme de l'auteur américain Cormac McCARTHY (c'était la seconde culturelle de cette chronique...).

Arjen chouchoute ses fans et décline en plusieurs versions Victims Of The Modern Age. "L'édition spéciale" offre un 2ème cd, où figure 5 titres : As The Crow Dies, avec le chanteur suédois Mike ANDERSSON, Two Plus Two Equals Five, avec le chanteur hollandais Rodney BLAZE, Closer To The Stars avec l'ex BLACK SABBATH Tony MARTIN. Mais aussi un titre chanté par Arjen himself : Lastday. Ainsi qu'une reprise des débuts 70's de ELP, Knife Edge, où se retrouvent ALLEN, WILSON, JANSEN et Arjen. Soit 24 minutes de musique supplémentaire, non dénuée de charme.
Pour finir, une plage vidéo raconte, en 36 minutes d'images, le making of de l'album. Il est filmé par... Lori LINSTRUTH, charmante et efficace guitariste sur l'album de GUILT MACHINE, entre autres !

Depuis la naissance d'AYREON en 1995, avec son Rock Opéra The Final Experiment, la quantité créative d'Arjen Anthony LUCASSEN n'a d'égale que sa qualité, et je dois sincèrement (et objectivement !) avouer n'avoir jamais ressenti le moindre souffle de lassitude à l'écoute de sa pléthore discographie. Et ce n'est pas ce nouvel album estampillé STAR ONE qui viendra modifier cette donnée !
Merci à Toi, Arjen. Et profonds respects !
Ben
Date de publication : dimanche 7 novembre 2010