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18/07/2011
Battlefront
JC JESS
 
JC JESS. Voici un guitariste - et un groupe – dont on parle en bien depuis quelques temps. Epanoui au sein d’un NIGHTMARE flamboyant, JC se distingue avec sa propre formation d’un metal pur et particulièrement rugueux. Amateurs de vitesse, entrez donc, soyez les bienvenus.

Comme le nom de ce nouveau disque l’indique, on ne va pas faire dans la dentelle, loin de là. La guerre étant le thème principal, c’est naturellement que l’auditeur se trouve confronté à une musique violente, rapide, explosove et incisive. Si la guerre est sale, ici, en revanche, le son est propre, chaque instrument ayant toute la place qu’il mérite.

Le guitariste chanteur fait partie de ces musiciens particulièrement doués et n’a nullement besoin de s’étendre dans des démonstrations futiles et inutiles de sa maitrise guitaristique. Il a tout loisir de se concentrer l’éxécution de ses créations et sur l’efficacité de leur interprétation. Et force est de constater que le cœur ici mis à l’œuvre mérite amplement que l’on prête une oreille attentive à ce Battlefront dont les 13 titres ne font aucun cadeau. Rapidité rime ici avec lourdeur consentie. Seulement, voilà : cet album, pour sympathique et attirant qu’il soit, souffre selon moi deux faiblesses : la profusion de quadruple croches et quadruple grosses caisses, si elles vont dans le sens de la musique, plombent un peu le résultat final. Car à vouloir être aussi rapide que – aujourd’hui – tout un chacun, on perd souvent en spontanéité. Ensuite, si la voix de JC est puissante et efficace, l’anglais est incompréhensible. Oui, encore une fois, je tends l’oreille pour écouter et tenter de comprendre les paroles… Et sans doute serait-il temps qu’en France on comprenne que la langue est bien plus qu’un accessoire… Comment – c’est valable pour tous les groupes et acteurs du business musical– voulez-vous pouvoir vous exporter si le chant est incompréhensible ? Ne vaut-il pas mieux, dans ce cas, chanter dans un français articulé et compréhensible, comme savent le faire tant d'autres? C’est là un autre débat, je vous l’accorde, je recentre donc le sujet...Battlefront me surprend également avec la présence étonnante de deux heavy ballads qui arrivent là sans trop qu’on comprenne comment ou pourquoi. Ces éléments réunis font que JC JESS propose un album de moyenne facture malgré les envies affichées de bien faire. Rien ne sert de courir, disait Jean de la FONTAINE. A trop vouloir aller vite, on se mélange les pinceaux. Il y a pourtant de bons moments sur Battlefront, je vous rassure… Comme ce monument de lourdeur qu’est Prepare, Aim Fire, cette plage de bonnes intentions Backfire, ou les introductifs Saviour (qui fait suite à une longue, longue intro) ou Walk With Us. Mais noyés dans la vitesse, l’ensemble, intéressant par ailleurs, se fait un tantinet lassant. Dommage, d’autant que JC participant aux activités de NIGHTMARE a de quoi proposer mieux.

JC JESS propose également avec Battlefront un DVD enregistré le 29 mai 2010 au festival La roche ‘n’roll. Le son est brut et sec, rendant bien les conditions live d’une petite salle (bien que la clareté de certains soli de guitare me laisse perplexe quant à d’éventuelles retouches...) Les premiers rangs apprécient et headbanguent en cadence aux rythmes imparables du Speed Wake Of The Dead ou du plus Heavy Give Me More. Mais l’ambiance retombe vite, le public se faisant plus attentif, sage et devenant même immobile au-delà du troisième rang, alors que le groupe, dont les membres, vrais complices de scène, sait bouger et prendre la pose sur cette scène raisonnablement large qui bénéficie d’éclairages assez limités (une forte dominante rouge, contrebalancée par du blanc, mais guère plus) mais d’un nombre de caméras suffisant pour proposer différents angles et ne jamais lasser. Les Grenoblois donnent tout ce qu’ils peuvent, le blond leader faisant preuve d’une belle maitrise vocale. Avec Never The Same, et plus encore la boucherie guitaristique qu’est le 100% Thrash Anger ou End Of A Dream le public se fait plus énergique alors que la fin approche. Le concert se conclue avec l’ultra rapide Just On You (et son break pompé chez METALLICA, influence aussi évidente que SLAYER ou IRON MAIDEN) suivi de W.A.R.

Au final, ce DVD présente une formation très à l’aise sur scène mais qui mériterait, comme d’autres, de plus de promotion afin de toucher un plus large public. Deux erreurs cependant sont à relever : d’abord, ce document ne bénéficie pas du choix des plages. Aucun menu (ni bonus) n’est proposé, seuls les titres bénéficient d’une coupure nous permettant de passer de l’un à l’autre, mais sans avoir la possibilité du choix. Ensuite, le générique… C’est sans doute un détail, mais cette faute de goût et de français me hérisse le poil : depuis quand présente-ton les différents intervenants en mettant le nom de famille en premier ? Parle-t-on de YOUNG Angus, de DICKINSON Bruce, ou l’inverse ? Pour le reste, rien à dire : JESS J.C. se fend d’un document simple mais qui a le mérite de montrer une formation dynamique, comme sa musique.
metalmp
Date de publication : lundi 18 juillet 2011