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17/07/2011
Nono
Norbert KRIEF
 
Depuis le temps qu’on l’attendait celui là ! Ça fait quoi ? Quinze ans, vingt, peut-être, que le plus illustre de nos guitar heroes nous promet un album solo ? Nono, il faut le reconnaitre, n’a jamais été en manque de travail, mais qu’il est bon de se retrouver, enfin, avec ce CD en mains ! Un album qu’il a mis tant de temps à réaliser que lui-même a failli l’appeler « L’Arlésienne »… mais qu’il a plus modestement intitulé Nono.

Les 13 titres que nous offre notre fine lame favorite sont un condensé de ce qu’il aime le plus : des chansons à guitares avec des airs chantants et simples d’approche. Impossible de ne pas retenir le refrain « Gimme gimme gimme a chance » sur Blink Of An Eye qui introduit ce disque, par exemple. L’anglais, langue principale de ce recueil (seul A Dieu est interprété en français), est suffisamment convainquant pour ne pas être un frein. Sont-ce les envies d’exportation qui ont orienté ce choix, ou serait-ce parce qu’il s’agit de la langue naturelle du rock ? Ou est-ce pour prendre le contre-pied d’un TRUST qui excelle en français ?

La marque Trustienne des derniers enregistrements (hors dérives de la fin de la dernière décennie) et les influences rock’n’roll et pop (Borderlline, Do It Right) sont ici bien présentes, tout comme le blues pur et vintage (Vagabondage) qui sonne comme un hommage au regretté Gary MOORE. Les STONES sont une influence évidente (She’s Burning Up My Bed et Back To Rock’N’Roll auraient pu être chanté par Mick JAGGER). Pourtant, si le cœur des chansons est parfaitement exécuté, trop souvent le guitariste se perd dans des explorations inutiles, tentatives qui ressemblent parfois à du remplissage (la reprise quelque peu surprenante de On The Road Again ou les divagations qui concluent plus de la moitié des titres) ou, au contraire dans la facilité de l’adaptation de ce que le Rock a fait de mieux et de ce qu’apprennent rapidement la plupart des guitaristes en herbe… Mais Nono sait aussi sortir des sentiers battus en proposant des rythmes plus actuels (Here And Now, Wavedream) qui peuvent s’avérer surprenants, voire déroutants, mais qui attisent la curiosité de l’auditeur. La joie est également présente (How Does It Feel), ce qui correspond parfaitement au caractère positif et optimiste de Norbert KRIEF.

Remarquons enfin que pour l’occasion (une « occasion » qui s’appelle Nono, dont le poids dans le Rock en France n’est plus à démontrer), XIII bis records s’est fendu d’un vrai livret de 16 pages remplies de textes et illustrations, que le CD profite d’une pochette à la fois originale et troublante – cette femme enfant clown perdue entre ombre et lumière au milieu du vice et de l’amusement semble respirer une triste joie de vivre.

Nono s’est, avec ce premier album solo, simplement fait plaisir. Sans jamais chercher à démontrer son talent, il exécute ce qu’il sait faire de mieux. Vingt ans d’attente, c’est un peu long, certes, mais si on met de côté le temps perdu à patienter, le plaisir simple et sans fioriture est bien là. Cependant, il s’agit quand même de Nono, le créateur du riff français le plus connu au monde et d’autres merveilles d’efficacité que l’on aurait souhaité retrouver ici. De ce point de vue, il reste comme un léger goût amer, un sentiment de pas fini, même si Nono sait étonner et ne pas laisser indifférent. Vingt ans de réflexion ont sans doute eut raison d’une certaine spontanéité qu’il serait bon de retrouver sur un second essai plus rapidement enregistré…
metalmp
Date de publication : dimanche 17 juillet 2011