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17/10/2011
Aenima
TOOL
 
Nous avons décidé de vous faire découvrir (ou re découvrir) les albums qui ont marqué une époque et qui nous paraissent importants pour comprendre l'évolution de notre style préféré.
Nous traiterons de l'album en le réintégrant dans son contexte originel (anecdotes, etc.)...
Une chronique qui se veut 100% "passionnée" et "nostalgique" et qui nous l'espérons, vous fera réagir par le biais des commentaires ! ......
Bon voyage !


Le guitariste Adam JONES justifie la création de TOOL en se fondant sur une théorie développée par l’auteur Ronald P. Vincent. En 1949, ce dernier publie une œuvre unique, A joyful guide to lachrymology, dans laquelle il proclame que la progression et le développement personnels nécessitent l’exploration de la douleur physique et de la peine. Vincent souhaite fonder une philosophie en ce sens, la lacrymologie. JONES conçoit la musique de son groupe comme un outil (« tool » en anglais) destiné à permettre au public de la comprendre. Quelques mois après la formation du groupe, Ronald P. Vincent décède d’une cirrhose ; le musicien étudie alors sans relâche son ouvrage.

Curieuse motivation pour former un groupe ; il s’agit en vérité d’une pure invention ! Pas plus l’auteur que son ouvrage n’a existé. Né de l’imagination d’Adam JONES, ce mythe figure dans un historique distribué avec les copies promotionnelles de l’album Undertow (1993), et serait destiné à tourner en dérision les mouvements sectaires. Plus sérieusement, JONES rencontre le chanteur Maynard James KEENAN à Los Angeles en 1986. Occupant un appartement situé en dessous de celui de KEENAN, le batteur Danny CAREY intègre rapidement le groupe, complété quelque temps après par le bassiste Paul D’AMOUR. En 1990, TOOL peut finalement commencer une carrière placée sous le signe du Metal progressif. Après un EP intitulé Opiate (1992), Undertow, aidé en cela par le puissant single Sober, lance la carrière du groupe. Marqué par le remplacement de Paul D’AMOUR par Justin CHANCELLOR, Ænima est publié en 1996.

Particulièrement peu accessible, voire véritablement hermétique, Ænima ne constitue pas exactement un album grand public. TOOL y propose une musique d’une grande noirceur, riche en climats accablés. Les arpèges joués en intro de nombreux morceaux peuvent produire chez l’auditeur non averti un véritable sentiment de malaise. Étouffantes, suffocantes, les mélodies qui ouvrent Forty Six & 2 ou encore Jimmy semblent constituer des invitations à un douloureux voyage, également suggérée par les titres désolants : Stinkfist, ou encore Eulogy, c’est-à-dire « oraison funèbre ».

Contre toute attente, après les quelques écoutes nécessaires pour appréhender l’univers du groupe, sa musique se révèle absolument fascinante. D’oppressantes, les atmosphères deviennent entêtantes, grâce notamment au grand talent de Maynard James KEENAN pour habiter les compositions du groupe. Le lancinant Pushin’ illustre tout particulièrement cette nouvelle perception, de même que les intimistes arpèges d’intro de H.

Une autre caractéristique qui, de prime abord, peut passer pour un handicap avant de se muer en atout majeur, réside dans l’extrême lourdeur du Metal interprété par TOOL. Suivant une tendance proche du Neo Metal, les morceaux, aux rythmiques relativement simples et dépourvus de solos de guitare, sont appuyés par une saturation insensée. Le titre d’ouverture Stinkfist, reposant sur un riff saisissant, apporte sans doute le meilleur témoignage de la considérable puissance de la musique du groupe.

Les composantes du Metal progressif revêtent également une grande importance. Ænima apparaît comme un album particulièrement riche, dont quelques titres avoisinent voire dépassent les dix minutes et comportent diverses ambiances. A cet égard, Eulogy évolue d’une instrumentation discrète, presque apaisée, à des breaks où explose l’organe du chanteur. Le LP contient également des morceaux très brefs, qui jouent le rôle d’interludes. Enfin, TOOL peut être crédité d’un important travail de recherche sonore, notamment sur Die Eier Von Satan, dominé par d’inquiétants bruitages industriels.

Écouter Ænima permet de connaître une expérience inoubliable, en dépit (ou en raison ?) du pessimisme qui s’en dégage. Mettant en valeur sa maîtrise technique, Maynard James KEENAN propose des performances vocales appropriées, par ses intonations ainsi que par les passages énervés qu’il interprète. Ce musicien prolifique, qui avait participé en 1992 à l’enregistrement de Know Your Enemy sur le premier album de RAGE AGAINST THE MACHINE, anime par ailleurs le projet A PERFECT CIRCLE depuis 1999.

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Chouman
Date de publication : lundi 17 octobre 2011