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02/11/2011
The thousandfold epicentre
THE DEVIL'S BLOOD
 
Deux ans après le fracassant début The Time Of No Time Evermore, les Hollandais de THE DEVIL’S BLOOD reviennent à la charge, avec toujours une franche dichotomie entre leur imagerie et leur philosophie occulte d’une part, et leur Hard Heavy presque lumineux. Les amateurs de Heavy Metal peuvent en effet être rebutés par le look scénique sanguinolent et le concept totalement sataniste du groupe. Ce serait néanmoins un crime de passer à côté de la musique délicieuse qui est à nouveau offerte dans The Thousandfold Epicentre.

THE DEVIL’S BLOOD se propose d’évoluer dans la continuité. On retrouve donc tout d’abord le chant féminin divin, puissant, mélodique, très bien modulé, un brin désincarné, sorte de pendant moderne de Grace SLICK (JEFFERSON AIRPLANE). Toujours présents, les riffs secs et les soli hérités des années 60 et 70 du leader Selim LEMOUCHI. La progression se trouve dans une tendance accrue à laisser les ambiances s’installer, se développer, avec parfois des résonances presque psychédéliques dans les guitares.

Prenons l’exemple très révélateur de Everlasting Saturnalia : sur l’essentiel du morceau, le piano et la voix forment une douce mélopée, accompagnée par une guitare solo très douce. Mais la fin du titre se fait plus oppressante, créant une transition vers le titre suivant, le magistral et majestueux The Madness Of Serpents, avec ses choeurs grandioses et ses motifs rythmiques lancinants, qui se brisent sur un passage plus atmosphérique, lui même relayé par une obsédante rythmique plombée. La combinaison de ces sonorités et séquences contrastées est proprement hypnotisante et emmène irrémédiablement l’auditeur dans des contrées très troubles, sans avoir recours à l’ultra violence propre au Black Metal, ni aux effets superfétatoires du Heavy à tendance symphonique ou épique.
L’album se clôt sur un titre long (un quart d’heure) et ambitieux, Feverdance. Pendant presque la moitié du morceau, la chanteuse psalmodie doucement, accompagnée par une guitare acoustique et des claviers ; cette séquence s’efface progressivement au profit d’une angoissante pulsation rythmique zébrée par une guitare sous acide, laquelle pulsation se mue finalement en martèlement lourd et orgasmique. On est clairement là en plein Heavy ritualiste porteur d’un chamanisme électrique.

Hormis ces électrisantes incitations au voyage, le groupe se fend de compositions plus concises et nerveuses : She (très simple dans ses riffs et sa structure, pourvu d’un refrain faussement angélique), Die The Death (et son refrain enjôleur), Fire Burning (riffs saccadés et orgue).

Chaque écoute de The Thousandfold Epicentre permet de découvrir de nouveaux détails cachés dans l’apparente simplicité de l’agencement des morceaux. Peut-être moins direct que son prédécesseur, ce deuxième né dans la progéniture de THE DEVIL’S BLOOD n’en demeure pas moins tout à fait passionnant.
Alain
Date de publication : mercredi 2 novembre 2011