16 / 20
09/04/2012
Paradise paradox
WE ALL FALL
 
Ayant affaire à un groupe se réclamant de METALLICA, l’amateur de Thrash est animé d’un a priori très favorable. Un tel état d’esprit prévaut ainsi à l’égard des Espagnols de WE ALL FALL, qui comptent les Four Horsemen parmi leurs principales influences. Fondée en 2005, la formation acquiert une solide expérience scénique, consécutivement à ses démos We All Fall (2006) et A Tunnel To The Mind (2008). Cette dernière, plus particulièrement appréciée, lui permet de côtoyer les artistes les plus en vue de la scène underground ibérique. Fort de ce parcours, WE ALL FALL publie en 2011 son premier LP, Paradise Pardox.

A l’image de Captive Of Fear ou System Failure, le groove de l’album allie généralement des guitares incendiaires à une rythmique implacable, des caractéristiques qui correspondent parfaitement aux références de WE ALL FALL. Le style de chant apparaît également typique : Victor PRIETO franchit allégrement la frontière du growl (Blackened Tide), ou révèle une de ses influences majeures, James HETFIELD (Dead Man Walking).

Le Thrash Metal interprété par les Espagnols est approprié au propos de Paradise Paradox. Ils y exercent en effet une critique sociale virulente : System Failure dénonce le capitalisme, assimilé à une religion où la consommation a valeur de dogme. D’autres textes confirment cette tonalité pessimiste, évoquant le fardeau que peut représenter la vie quotidienne – Fragile proclame « Day by day the burden's heavier » - voire la douleur indicible d’une jeune fille violée par son propre père (Murder, Slavery And Incestous Rape).

Cependant, on se gardera de réduire l’album à ses plages empreintes de brutalité. WE ALL FALL introduit régulièrement d’autres ambiances. Sous des apparences d’apaisement suggérées par une intro de guitare en son clair, Fragile instaure un climat plombé pouvant rappeler le style de TOOL. Le disque présente donc des atours progressifs, remarquablement mis en valeur par Murder, Slavery And Incestous Rape, qui voit alterner parties lentes, incroyablement lourdes, et avalanches de double pédale.

Dans le même ordre d’idées, les deux morceaux dont les titres, accolés, forment l’intitulé du disque, ne s’insèrent pas dans la tendance majoritaire qu’il décrit. Avec ses légères teintes flamenco, l’introductif Paradise, un instrumental, pourrait par exemple s’avérer trompeur. En revanche, entendre WE ALL FALL développer une reprise de Tourette’s (NIRVANA), tout aussi furieuse et déjantée que l’original, ne constitue certainement pas un Paradox ! Au final, le groupe livre avec Paradise Paradox un premier effort très réussi, dont le successeur est déjà en projet à l’heure où nous écrivons ces lignes.
Chouman
Date de publication : lundi 9 avril 2012