Non, KRAKOW n'est pas une formation originaire de Cracovie mais bien de Bergen. Et on ne peut même pas taxer les quatre musiciens de farceurs tant leur Post Metal est torturé ! Amaran est d'ores et déjà le troisième opus de ces Norvégiens, faisant suite à Monolith (2009) et à Diin (2012, chroniqué ici : www.metal-integral.com/chronique.do?chronique_ID=3550&groupe=krakow&album=diin). Comme presque toujours quand il s'agit de Post Metal, on convoque les références majeures que sont NEUROSIS ou ISIS, ce qui en l'occurrence n'est pas complètement faux mais totalement réducteur et dépassé. En effet, KRAKOW se sert d'ingrédients déjà bien connus mais cherche ostensiblement à les agencer à sa manière.

Oui, les compositions de KRAKOW comportent des riffs tellement âpres qu'ils épluchent les carottes à distance. Oui, certains vocaux sont torturés, saturés, porteurs de toute la frustration et la colère du monde. Oui, les guitares et les claviers apportent des touches mélodiques étranges, voire développent des ambiances mélancoliques. Oui, les contrastes entre tous ces éléments forment un ressac permanent.

Cependant, KRAKOW a résolument choisi de ne pas se lancer dans la surenchère aux riffs les plus écrasants, aux structures les plus éclatées, aux vocaux les plus déchirants. Les compositions demeurent relativement concises et surtout le son général vise à préserver la clarté et à laisser respirer l'ensemble, plutôt qu'à viser la suffocation par occupation de la totalité du spectre sonore. Du coup, les morceaux les plus ambiants et progressifs comme Vitriol, Luminauts ou Of Earth parviennent à installer l'inquiétude et le trouble. Même les titres les plus lourds (Ten Silent Circles) et rageurs (le court Pendulum, le sec et tendu Genesis) possèdent un impact assez immédiat.

Amaran : un bel album. KRAKOW : un groupe à suivre.

Alain
Date de publication : dimanche 15 février 2015