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05/09/2015
King heavy
KING HEAVY
 
Formé par Luther VELDMARK alias Luce VEE, chanteur au sein de la formation Doom belge HOODED PRIEST, et par le bassiste chilien Daniel PEREZ SAA (ex-PROCESSION), KING HEAVY est un quartette entièrement dévoué au Doom Metal épique et baroque. Ce groupe à l'implantation géographique pour le moins éclatée a publié en 2014 un EP quatre titres, Horror Absoluto, publié en Europe sous forme de split avec DOOMLORD par notre héroïque label local Emanes records. L'heure de la révélation se présente sous la forme d'un premier album sans titre. Avec un visuel grisâtre et grimaçant (gentille, la gargouille !), on pouvait s'attendre à un Heavy Metal underground relevant du pur revival 80's. Il n'en est rien et c'est tant mieux !

L'album se compose de sept titres : six d'entre eux constituent de solides pièces de Doom, d'une durée oscillant entre cinq et onze minutes (pour le final impressionnant He Who Spoke In Tongues), seul The Crowning offrant un court et saisissant interlude de douceur. KING HEAVY n'aime rien tant qu'engager l'auditeur dans des structures à tiroirs, riches en changements de rythmes et en variations de tons. Pour autant, chacune des séquences privilégie l'efficacité rythmique : riffs simples, grinçants, acérés ou massifs, parfois quelques arpèges, le tout propulsé par une section rythmique puissante. Sur certains titres, KING HEAVY démontre que le Doom Metal n'est pas le royaume de la lenteur ultime, quand bien même cette dimension est essentielle ; c'est ainsi que des passages de La Gargola chevauchent la vague, tandis que Wounds s'affiche fièrement comme une cavalcade épique. Bien entendu, chaque accélération du tempo ou accentuation rythmique entre en résonance avec des passages plus lents, plus lourds, parfois plus intimistes. Cet assemblage garantit une dynamique de tous les instants et prévient toute monotonie.
Du côté des rythmiques et des riffs suintant de désespoir, on pense assez souvent au must en la matière, à savoir CANDLEMASS (c'est flagrant sur As Dawn Broke On The Day et He Who Spoke In Tongue). Pour autant, cette manière de développer des ambiances glauques n'est pas sans évoquer le côté vicieux et malsain de DANZIG.
Voilà ce que j'appelle un sens certain de la composition.
Surtout, le chant de Luce VEE confère à la totalité une dimension très particulière. En variant les intonations et les registres, le vétéran barbu évolue avec aisance et théâtralité entre le médium et le grave, passant de la tristesse à la colère, de la trivialité sardonique au lyrisme. Outre l'ombre de Glenn DANZIG (en plus varié), les performances du barde belge s'apparentent quelque peu à celles de l'immense Robert LOWE (SOLITUDE AETURNUS, ex-CANDLEMASS), ce qui est un beau compliment.
Si l'on conclut en signalant que la guitare solo se met systématiquement au service de la mélodie plutôt que de l'empilage de notes démonstratif, on frôle le sans faute. Espérons que la distance séparant le contingent chilien de l'élément belge ne rendra pas trop problématique la gestation d'un second album.
Alain
Date de publication : samedi 5 septembre 2015