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22/09/2015
Odyssey
HORISONT
 
Pour son quatrième album, la formation suédoise HORISONT vient de considérablement élargi son... horizon ! Jusqu'à présent, le groupe pratiquait un Hard Rock reprenant consciencieusement les codes du genre dans les années 70 et du tout début des années 80 (la NWOBHM faisant office de tables de la loi) : relisez nos chroniques de Second Assault et de Time Warriors (cliquez ici et . HORISONT ne renie rien de ses premières amours mais il semblerait bien que le groupe ait fendu l'armure en matière de composition, tant les douze morceaux de Odyssey paraissent évidents dans leur structure et dans leurs mélodies.

Commençons par ce qui ne change pas. Au regard des critères actuels en matière de guitares et de section rythmique, il est indéniable que la formule développée par HORISONT paraît frêle et désuète. Les deux guitaristes alignent des riffs secs, tranchants, bien dessinés, acérés ; ils enjolivent le tout avec des arabesques complices génératrices de mélodies endiablées. Un véritable festival d'efficacité qui nous renvoie aux meilleurs moments de la période 1978-1982 : songeons au début de PRAYING MANTIS, au bref sursaut de URIAH HEEP (Abominog).
Du côté du chant, Axel œuvre dans un registre haut perché qui rappelle inévitablement le jeune Geddy LEE (RUSH), mais aussi Steve WALSH (KANSAS), David SURKAMP (PAVLOV DOG) ou encore Brad LOVE (AVIARY).
De nombreux arrangements de claviers aux sonorités vintage rehaussent admirablement une musique qui aurait sinon tendance à sonner de manière un peu aride.
De son côté, la section rythmique multiplie les séquences saccadées et trépidantes qui, combinées aux claviers, évoquent les grandes heures baroques de URIAH HEEP, voire de LUCIFER'S FRIEND. A force de cavalcades, le résultat peut parfois devenir franchement épique.

Au côté de dix compositions relativement concises, on relève deux titres qui tranchent par leur stature. En ouverture d'album, nous trouvons le magistral Odyssey, soit près de onze minutes alternant charges foudroyantes et passages plus lyriques, tour à tour doux et lourds. Les changements de rythmes et de thèmes abondent, sans jamais verser dans la démonstration. La synthèse entre l'efficacité très carrée propre à la NWOBHM, le baroque de URIAH HEEP et le côté progressif mélodique de KANSAS est ici parfaite.
En clôture d'album, Timmarna (chanté en suédois, ainsi que Städer Brinner) se contente de huit minutes et offre un visage moins tonitruant, plus progressif, à l'instar de cette introduction qui gagne inexorablement en intensité, l'instrumentation enflant doucement autour d'une entêtante mélodie de synthés. Le chant se fait très sensible, presque plaintif et caressant, posé sur des notes de guitare. Le résultat est aussi poignant que les moments les plus éthérés sur les premiers albums de SCORPIONS ou que le Heartbreaker de GRAND FUNK RAILROAD. Du grand art.

Pour couronner le tout, saluons cette pochette donnant dans la science fiction rétro. HORISONT tient là son meilleur album à ce jour et défriche ici des terrains qui promettent des récoltes luxuriante à l'avenir.
Alain
Date de publication : mardi 22 septembre 2015