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04/10/2015
Eternal
STRATOVARIUS
 
Après un album monumental, Nemesis, qui a énormément et positivement surpris les fans de la nouvelle mouture du groupe et suite à une tournée mondiale, STRATOVARIUS a décidé de se poser un peu pour reprendre des forces avant de se remettre à l’écriture d’un 16ème opus. C’est, donc, tout naturellement que Timo KOTIPELTO et ses compères scandinaves se sont isolés dans un chalet perdu au milieu des bois, comme à leur habitude, pour entamer un long processus de composition de près d’une année qui s’est terminé en studio. C’est ainsi qu’est né Eternal, un album plutôt sympathique, certes moins ambitieux que son prédécesseur mais qui devrait toutefois satisfaire l’ensemble des supporters du groupe finlandais.

En effet, Eternal, même s’il n’abandonne pas cet aspect moderne qui a fait une incursion très remarquée sur Polaris et plus encore sur Nemesis au travers de lignes de synthé futuristes, replonge par moments dans le passé de la formation grâce à un formidable travail sur l’équilibre des ambiances et à la production de Matias KUPIAINEN, également guitariste du combo. Cependant, ce visage double, naviguant entre les époques ne fera pas oublier les pièces maîtresses que sont Episode, Visions et Destiny, car musicalement l’album est assez loin de ces brûlots des nineties.

Bien qu’étant un effort de groupe, - Rolf ayant également été impliqué dans le développement des arrangements -, le quintet a eu à nouveau recours à un intervenant extérieur en la personne de Jani LIIMATAINEN (CAIN’S OFFERING, ex-SONATA ARCTICA) à la fois comme compositeur secondaire et parolier. C’est ainsi que KOTIPELTO et lui ont signé ici l’ensemble des textes et trois chansons (Shine In The Dark, In My Line Of Work, Few Are Those), ce qui peut expliquer ce décalage entre atmosphères typiques de la période TOLKKI et celles plus récentes qui nous enchantent depuis Polaris. Les morceaux les plus « nostalgiques » étant, bien sûr, l’œuvre de Jens (Man In The Mirror, Fire In Your Eyes), claviériste de la formation nord-européenne depuis 20 années. Le reste des titres sont la création de Lauri PORRA (Lost Without A Trace) et de Matias KUPIAINEN (My Eternal Dream, Rise Above It, Feeding The Fire, The Lost Saga).

Il n’est, donc, pas étonnant de ressentir une pointe de satisfaction à l’écoute des 10 titres de cette très agréable offrande aux nombreuses facettes. Assurément plus variée que Polaris, Elysium ou Nemesis, elle met en exergue les qualités des différentes époques du groupe avec délicatesse et grande classe. Il n’est, par conséquent, pas surprenant de voir que l’ensemble des médias et des fans l’encensent largement, surtout que, avec des morceaux aussi forts émotionnellement que My Eternal Dream, Rise Above It, Fire In Your Eyes ou l’épique The Lost Saga qui clôt magnifiquement Eternal, ce dernier permet à STRATOVARIUS de franchir un nouveau palier dans sa déjà très longue carrière.

Cependant, ne vous réjouissez pas trop vite car, et c’est là où le bât blesse, il manque ce petit plus qui s’appelle « une âme ». Ce « détail » aurait permis à Eternal de dépasser le stade de super-album et de devenir un futur classique du groupe. Il aurait également donné plus de cachet à ce déjà bien beau présent. Enchaîner les chansons et les soli à un rythme effréné ne fait pas tout, il faut aussi donner totalement vie à l’ensemble de ses créations, pas uniquement à certaines d’entre elles, et faire en sorte qu’elles puissent intégralement prendre aux tripes de chaque auditeur qui posera dessus une oreille attentive.

Cela dit, Eternal se révèle être une belle surprise qui, comme je l’ai écrit plus haut, place STRATOVARIUS à un niveau plus élevé qu’auparavant, du moins depuis le licenciement sec de TOLKKI, ceci grâce à la liberté retrouvée qui règne désormais au sein de la formation finlandaise, où chaque membre peut s’exprimer musicalement sans limitation humaine ou matérielle. Et c’est ce qui fait la force de ce 16ème opus, plus enjoué et enthousiaste. STRATOVARIUS peut définitivement envisager l’avenir avec sérénité, même si, dorénavant, sa musique est plus un savant mélange entre du STRATO à l’ancienne, du KOTIPELTO en solo et du CAIN’S OFFERING, que du STRATO pur jus. Cette configuration permet au power metal des scandinaves de se diversifier et de gagner en fraîcheur, ce qui lui manquait cruellement jusqu’alors, le quintet s’étant cherché quelques années durant après son retour marquant en 2009. Aujourd’hui, il s’est définitivement trouvé. Et c’est un combo pleinement revigoré qui va nous faire l’honneur de deux concerts le 31 octobre et le 1er novembre prochains, respectivement à La Rodia de Besançon et au Trabendo à Paris, afin de nous présenter ce nouvel album haut en couleurs. Même si vous préférez les Destiny et autres Visions et Episode, n’hésitez pas à vous y rendre pour rendre hommage à ce très grand groupe qui n’a plus rien à prouver, mais qui a encore beaucoup de choses à dire musicalement et qui souhaite vraiment faire plaisir à ses fans. Eternal marque, pour STRATOVARIUS, un surprenant retour au sources tout en regardant droit devant lui. Un périlleux exercice de style qui s’est avéré payant, en fin de compte, une fois de plus magnifiquement illustré par Gyula HAVANCSÀK et soutenu par un chœur puissant.


Line-up :

Timo KOTIPELTO (chant)
Jens JOHANSSON (claviers)
Matias KUPIAINEN (guitares)
Lauri PORRA (basse)
Rolf PILVE (batterie)

Equipe technique :

Matias KUPIAINEN (production, technicien son, mixage)
Jani LIIMATAINEN (technicien son, chœurs)
Francisco « Pancho » CRESP (producteur assistant, mixeur assistant)
Mika JUSSILA (mastering)
Perttu VÄNSKÄ (arrangements)
Gyula HAVANCSÀK (illustration)
Jarmo KATILA (photographie)
Sander NEBELING (design)


Shine In The Dark

My Eternal Dream


神の知恵
Date de publication : dimanche 4 octobre 2015