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30/10/2015
An infinity emerged
A DREAM OF POE
 
Avant d'être signés sur le label russe Solitude productions, reconnu pour son investissement sérieux dans toutes les formes de Doom Metal, les Lusitaniens n'avaient pas ménagé leur peine. Après une première démo en 2006, le groupe a peaufiné son style via un album live, un mini-album, un EP et enfin un premier album studio en 2011 (The Mirror Of Deliverance). Sans prétendre révolutionner quoi que ce soit dans la grande maison du Doom, on peut toutefois affirmer que An Infinity Emerged se pose comme un album tout à fait maîtrisé et plaisant, que les sombres adeptes de MY DYING BRIDE vont pouvoir apprécier sans limite.

A DREAM OF POE évolue en effet dans un périmètre balisé en son temps par les pionniers britanniques, à savoir celui d'un Doom Metal lent et torturé, dépressif et gothique. Pour autant, A DREAM OF POE ne peut en aucun cas être rabaissé au rang de copie de son glorieux aîné car la formation portugaise possède une personnalité qui lui est propre. Ainsi, A DREAM OF POE met de côté les aspects Death Metal. Les riffs sont certes massifs mais pas trop épais. Surtout, on ne trouve pas trace de chant guttural sur An Infinity Emerged mais bien au contraire un chant clair, modulant dans un registre médium des lignes vocales porteuses de douleur, de pathos et de mélancolie, sans verser dans l'excès. On sent encore un léger déficit de puissance dans ce chant mais il me semble parfaitement mis profit ; outre que cela confère une aura de fragilité conforme à l'ambiance générale en brin gothique, le chanteur ne tente rien d'acrobatique et se concentre sur les modulations, les intonations, bref l'expressivité.

Outre la dimension de douleur existentielle et de lourdeur gothique, A DREAM OF POE possède un autre trait commun avec MY DYING BRIDE, celui d'affectionner les formats longs. An Infinity Emerged comporte cinq titres dont la durée se situe systématiquement entre dix et onze minutes. Rien d'excessif donc, mais de tels gabarits comportent le risque de l'ennui et de la somnolence dans un genre porté sur la lenteur. Il n'en est rien ici, et ce pour deux raisons : la solidité des compositions et la qualité des arrangements. La longueur des titres permet d'exposer chaque thème rythmique ou mélodique, des breaks intervenant au bon moment pour relancer l'intérêt.
Un soin notable a été porté aux arrangements : claviers, overdubs vocales, mélodies de guitares par dessus les riffs, tous ces additifs sont utilisés avec pondération et à propos, apportant du relief.

Un album aussi maîtrisé que An Infinity Emerged peut servir de base solide à une discographie future que l'on espère plus aventureuse, tant le potentiel de A DREAM OF POE paraît conséquent.

Découvrez quelques extraits de l'album ici : cliquez ici
Alain
Date de publication : vendredi 30 octobre 2015