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07/02/2016
Master creator
Sinbreed
 
La Vie est une chose extrêmement complexe qui n’existe que pour nous permettre d’évoluer afin d’atteindre la pleine conscience, état qui nous mène à reconnaître la valeur de chaque être et à assimiler totalement le fonctionnement de l’Univers, tant du point de vue de l’Obscurité que de la Lumière. L’une et l’autre ne peuvent se passer de leur contraire. Elles sont toutes les deux complémentaires, puisque l’on ne peut appréhender l’éclat de la Lumière que si l’on évolue dans l’Ombre et inversement. Il s’agit-là d’un équilibre empirique, d’une vérité éternelle dont on ne peut se détacher en tant que goutte d’eau dans l’immensité de l’océan galactique. Ces deux concepts, ceux de la Lumière et des Ténèbres, sont à la source de toute création. La Bible parle d’une étincelle divine qui a illuminée la noirceur du néant, les astronomes eux d’une explosion originelle qui aurait semée le chaos puis l’ordre. Le livre saint et les scientifiques ont tous raison : la flamme génératrice est l’œuvre d’une entité dont on ignore l’essence : est-elle matérielle, donc tangible, ou spirituelle, donc éthérique ? Nous ne le saurons sûrement jamais avec certitude, à moins d’en faire personnellement l’expérience en ouvrant notre cœur à l’inconnu, au monde qui nous entoure et à la Vie elle-même.

Au-delà de cette vision suprême macrocosmique de la conception astrale, il subsiste un autre visage de la Création. Celle-ci est reliée à l’individu. Selon la religion bouddhiste, nous sommes toutes et tous un bout de Dieu et nous portons en nous les capacités créatrices de la Source. Ainsi, si nous nous libérons de nos chaînes mentales telles que la peur, la haine ou la colère, nous sommes aussi capables de concevoir que n’importe quel démiurge. Nos pensées et nos actes ne sont liés à aucun destin préalablement planifié par un Univers d’humeur taquine. « Il n’y a de destin, que ce que nous faisons », expliquait justement Sarah C. à son fils John dans un long métrage cinématographique que je ne nommerais pas. En effet, nous seul(e)s avons le pouvoir de créer et de modifier à l’envi une existence qui nous ressemble. Nous sommes littéralement les maîtres de notre Vie, les commandants de notre navire. Nous pouvons faire exactement ce que nous souhaitons pour toucher du doigt le bonheur et la plénitude, toutefois dans le respect des autres (humains et animaux) et de leur propre chemin. Ceci dit, il est important que vous sachiez que c’est uniquement vous qui avez les outils pour faire de votre Vie un paradis, ou bien un enfer...

Et c’est le message que veut nous transmettre aujourd’hui la formation germanique SINBREED au travers d’un troisième et flamboyant album pertinemment intitulé Master Creator. La trame textuelle a été parfaitement retranscrite musicalement afin de nous donner envie d’explorer nos propres possibilités, aussi bien mentales et physiques que spirituelles. Parce-que nous avons ce pouvoir. Parce qu’il est de notre devoir d’agir pour créer nos vies, pour être heureux.ses. Parce-que plus nous nageons dans le bonheur par l’appréciation des choses simples de la Vie, telles que passer du temps avec les personnes que nous aimons ou nous imprégner de la beauté d’un coucher d’un paysage ou d’un coucher de soleil, et plus le Monde sera lumineux. Comme ce Master Creator qui respire la joie et la lumière. Pourtant, les sujets traités dans les paroles ne sont pas toujours très gais. Il était cependant très clair pour Herbie LANGHANS et ses collègues qu’il serait plutôt judicieux de présenter ces sombres thématiques sous un jour plus optimiste musicalement, à la manière d’un Rembrandt qui s’amusait allègrement avec les jeux d’ombre et de lumière dont il était friand.

Ainsi, le supergroupe est revenu à une formule proche de celle qu’il a utilisé pour réaliser son premier opus, le déjà prometteur When Worlds Collide, avec des morceaux hyper rapides, des mélodies en veux-tu en voilà, des refrains mémorables, des passages heavy, autant de hits potentiels qui permettent à la formation de confirmer sa position de challenger sérieux sur une scène déjà très remplie. Exit, donc, le côté « pesant » et « brumeux » qui régnait sur Shadows, ce qui n’est pas forcément une mauvaise idée, même si le 2ème enregistrement studio était très bon. Toutefois, SINBREED n’est pas du genre à se laisser aller à la paresse (l’espace réduit entre Shadows et Master Creator le prouve, ce qui est très surprenant malgré l’actualité de BLIND GUARDIAN et son Beyond The Mirror qui a été suivi d’une tournée et le programme chargé de Herbie LANGHANS avec ses participations comme invité sur les derniers AVANTASIA et KAMELOT) et nous voilà devant une nouvelle galette terriblement séduisante d’où les émotions uniquement positives se dégagent. Ce qui fait un bien fou après une année 2015 mondialement tragique.

Evidemment, certaines compos me font immédiatement penser à STRATOVARIUS (Creation Of Reality) ou BRAINSTORM (Behind A Mask, Moonlit Night), mais conservent toujours la marque de fabrique de SINBREED. Master Creator se divise en deux parties bien distinctes : la première, très prenante, s’étend de Creation Of Reality à Last Survivor, tandis que la seconde, qui débute par une belle et douce ballade (At The Gate) et se termine par On The Run, est plus convenue, moins surprenante, mais n’est pas à jeter pour autant, bien au contraire. Il n’y a aucun remplissage, comme d’habitude avec SINBREED qui est, d’ailleurs, à ma connaissance, le seul combo de heavy power metal ayant réussi ce tour de force d’affilée sur ses trois premiers albums. Bien entendu, certains titres sont peut-être un peu plus « faibles » que les autres, cela dit ils ont bien leur place sur Master Creator.

Pour ma part, je trouve que Master Creator est bien trop court par rapport à son prédécesseur qui nécessitait plusieurs écoutes pour l’appréhender intégralement. Cette troisième sortie, bien qu’efficace, laisse une sensation quelque peu déstabilisante d’insatiabilité qui, je l’espère sincèrement, sera bientôt comblée par un quatrième album de la même trempe. Cela dit, je ne serais pas contre un mélange entre l’aura solaire de Master Creator et l’atmosphère ombreuse et « progressive » de Shadows. Cela pourrait réellement être un mariage intéressant qui amènerait de nouvelles textures musicales et, de ce fait, autoriserait le groupe à se lâcher complètement, à prendre des risques, le conduisant hors de sa zone de confort. Néanmoins, Master Creator confirme qu’il faut désormais et durablement compter sur la formation de Wiesbaden, parce qu’elle a du potentiel et du talent. Pour l’heure, Master Creator reste une toile qui attire inévitablement l’œil, chaque coup de pinceau ayant été apposé avec soin par les maîtres impressionnistes d’outre-Rhin qui ont réussi à nous présenter un tableau cohérent, composé de plusieurs saynètes créant un tout solide, à la manière des artistes qu’étaient MANET, DEGAS, MONET, CEZANNE ou VAN GOGH qui, avec chacune de leurs œuvres, ont permis d’initier un nouveau mouvement, révolutionnaire pour l’époque. Ici, point de révolution, mais une composition picturale sonore qui démontre l’étendue des dispositions des quatre musiciens (exit Marcus SIEPEN ayant laissé tomber l’aventure à cause de son planning de ministre) qui, je l’escompte, sauront reconduire cette approche sur leur prochain album ou, au minimum, tel que j’ai pu l’exprimer plus haut, d’unir les caractéristiques de Shadows avec celles de ce pétillant Master Creator, tout en conservant l’expertise de Markus TESKE, le claviériste de RED CIRCUIT, au mixage et au mastering, le magicien qui a su rendre ce Master Creator bien percutant et très organique, et auquel SINBREED doit, en partie, son succès depuis When Worlds Collide. Vous l’aurez bien compris, ce troisième opus, qui sera dans les bacs le 26 février prochain, est un pur régal auditif et, bien au-delà de l’aspect musical, une invitation à être simultanément l’architecte et le bâtisseur de sa propre Vie afin d’être le possesseur d’une existence heureuse. Il ne dépend que de nous de faire en sorte que nous soyons libres de pied en cap de nos conditionnements limitatifs et d’agir en maîtres créateurs de nos histoires personnelles respectives. Désormais, nous avons les clés en main...

Line-up :

Herbie LANGHANS (chant)
Flo LAURIN (guitares, claviers)
Alex SCHULZ (basse)
Frederik EHMKE (batterie)

Equipe technique :

SINBREED (production)
Markus TESKE (mixage, mastering)
Felipe Machado FRANCO (artwork, design de la pochette)

Lyrics-video du titre Creation Of Reality.
神の知恵
Date de publication : dimanche 7 février 2016