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14/05/2016
All that is beautiful
DEATHKINGS
 
Les quatre roitelets du quartette californien DEATHKINGS avaient déjà pris en main leur destin au moment de leur premier album, Destroyer, paru en 2011. Pourvu d'une production à la fois massive et limpide, d'un artwork soigné et esthétiquement beau et subtil, ce second opus a à nouveau été réalisé par le groupe. Lequel propose des options musicales sans concessions. On en veut preuve la durée plus que conséquente des quatre compositions qui durent respectivement 12 (The Road To Awe), 13 (The Storm), 18 (Sol Invictus) et 19 minutes (Dakhma). Les DEATHKINGS œuvrent dans le monumental et ont besoin de ces cadres spacieux pour développer une musique à la fois lourde et atmosphérique, empruntant la lourdeur et la noirceur au Doom Metal, le goût des contrastes entre colères électriques, voire dissonants, et passages plus apaisés et mélodiques au Post Metal et au Post Hardcore.

Le groupe synthétise en quelque sorte la frange la plus radicale du Doom Metal (versant Doom Death), la puissance tellurique des incontournables NEUROSIS, les capacités à proposer développements au long cours à la THE OCEAN, la versatilité non ostentatoire et la capacité à tisser des canevas mélodiques tortueux à la ISIS. La plupart du temps, le chant sera rauque, grave, porteur de colère et de douleurs profondes, vecteur d'une intensité viscérale, contrebalancée par quelques lignes vocales en registre clair, plus apaisées.
Les deux guitares débitent des riffs rêches et massifs qui plombent l'atmosphère, avec ce qu'il faut de dissonance pour griffer l'oreille et faire grincer les dents, mais savent également se faire plus douces.
Histoire de ne pas être en reste, la section rythmique ne fait pas de cadeau en marquant pesamment des tempos lents. Mais là encore, l'affaire s'avère moins simple que de prime abord. La batterie notamment évite le monolithisme, comme pour contrebalancer la rusticité abrasive des riffs et pour mieux négocier les passages d'une séquence à une autre.

Non content de décaper les murs et de faire trembler les fondations, les DEATHKINGS mettent en place des schémas hypnotiques qui fascinent et oppressent tour à tour. Tout n'est certes pas parfait : le groupe peut notamment se faire davantage confiance pour développer une personnalité plus indépendante des influences ; les vocaux pourraient gagner en assurance et en constance. Mais d'ores et déjà, nous tenons là une formation à la forte personnalité et à l'ambition affirmée.

Si vous avez 18 minutes devant vous, découvrez le titre Sol Invictus : cliquez ici
Alain
Date de publication : samedi 14 mai 2016