15 / 20
25/05/2016
Shaman's path of the serpent
ATALA
 
ATALA est un trio originaire de San Bernardino, Californie. Leur premier album sans titre paru en 2014 les fit débuter sous des étiquettes fort convenues, qui plus est raccord avec leur origine géographique : Stoner et Desert Rock. Mais l'écoute du second opus auto produit du groupe devrait amener à fortement nuancer cette classification un peu trop évidente et simplificatrice.

Sur cet album très court (à peine plus d'une demie heure), ATALA place quatre compositions, dont trois d'une durée respectable : Levity et Shapeshifter excèdent les huit minutes, Gravity culmine à plus de onze minutes, King Soloman se contentant de passer le cap des cinq minutes. Évidemment, ce type de formats copieux se prête au développement de schémas tortueux, aux évolutions progressives de schémas assez simples et a priori répétitifs. L'utilisation de ces procédés produit un effet presque hypnotique, captivant et intrigant. Effets tout à fait compatibles avec les sensations recherchées dans l'univers Stoner.

Mais décidément, ATALA excède ce canevas. En premier lieu, le son de la guitare s'avère plus rêche, plus métallique et plus acide que dans une production Stoner lambda. Si les rythmiques savent se faire pesantes et sinistres, avec notamment une basse grondante et tendue, on ne trouvera pourtant pas les gros riffs compressés mille et une fois entendus. Les riffs sont à la fois plus sévères, plus austères et parfois parcourus par une dissonance maîtrisée avec bon goût. Certaines incises guitaristiques plus mélodiques développent cette dimension dissonante et acide, parfois pas si éloignée d'un psychédélisme lourd.

Au total, il arrive fréquemment que l'on pense aux univers sombres, pesants et tordus du Post Hardcore et du Post Metal. Piste accréditée par le chant clair mais filtré, mixé un peu en retrait, qui diffuse une sorte de mélancolie existentielle, quand ce n'est pas une colère douloureuse.

En somme, en toute discrétion et avec beaucoup d'humilité, ATALA est parvenu à créer une alchimie qui lui est propre. Laquelle est parfaitement mise en forme par l'excellent Billy ANDERSON (NEUROSIS, MASTODON, SLEEP, MELVINS, CATHEDRAL, pour n'en citer que quelques uns) ; le groupe sait s'entourer puisque son premier album était produit par Scott REEDER, ancien bassiste des mythiques KYUSS !

Clip de Levity : cliquez ici
Alain
Date de publication : mercredi 25 mai 2016