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Chronique
GRIM REAPER - Walking in the shadows

Style : Heavy Metal
Support :  MP3 - Année : 2016
Provenance du disque : Reçu du label
12titre(s) - 51minute(s)

Site(s) Internet : 
GRIM REAPER WEBSITE

Label(s) :
Dissonance Productions
 (17/20)

Auteur : 神の知恵
Date de publication : 01/10/2016
Un coup d’acier trempé en pleine face !
La Mort ou Grande Faucheuse est un personnage très en vogue dans le metal, tant comme illustration de pochettes que comme thématique textuelle. Beaucoup de formations heavy metal l’ont plus ou moins adoptée comme mascotte régulière, GRAVE DIGGER en tête (The Reaper, Symphony Of Death, The Grave Digger, Ballads Of A Hangman, Return Of The Reaper, Exhumation – The Early Years, etc), ou seulement ponctuellement (IRON MAIDEN sur Dance Of Death, Death On The Road, From Fear To Eternity).

Pourtant, la Mort, telle qu’on se la symbolise (corps de squelette, longue cape sombre, capuche sur la tête, faux à la main) et que les groupes utilisent pour décrire le contenu de leurs albums voire comme imagerie personnelle faite pour attirer l’œil du badaud et choquer les grenouilles de bénitiers, a une histoire bien singulière. Quand est-elle apparue pour la première fois sous cette forme ?

Pour trouver la réponse à cette question, nous devons revenir plusieurs centaines d’années dans le passé. A deux époques bien distinctes l’une de l’autre. La première d’entre elles se situe dans l’Antiquité Grecque. Le Dieux Cronos (ou Kronos) était affublé d’un globe surmonté d’une faux. Par ailleurs, exilé sur Terre par Zeus lui-même suite à une altercation, le Dieu du Temps aurait créé une communauté agricole. Et comme le temps qui s’écoule mène inexorablement vers le trépas, vous pouvez faire le lien. D’où le symbole de la faux moissonnant les récoltes – allégoriquement les âmes humaines. La seconde, plus récente, s’étend du 14ème au 17ème siècles lors des grandes épidémies de Peste Noire en Europe. A plusieurs dizaines de reprises, près de certaines bourgades françaises, britanniques, allemandes et italiennes, des silhouettes blanchâtres vêtues d’une tenue étrange, rappelant une cape surmontée d’une capuche, auraient été aperçues dans les champs de blé par les habitants quelques nuits avant le début des pandémies. Ces créatures surnaturelles, assimilées aux extra-terrestres appelés « petits gris », tenaient dans leurs mains de longs instruments similaires à des faux qui dégageaient des fumées vaporeuses. Dès lors, les citadins, voyant la maladie décimer leurs proches, leurs voisins et une bonne partie du continent, il ne leur fût pas difficile de faire le rapprochement avec ces intrus malfaisants et de les déclarer responsables de la disparition prématurée de plusieurs millions de personnes. De fil en aiguille, les ragots aidant, la métaphore devint de plus en plus persistante jusqu’à présenter la Mort sous l’aspect que l’on connaît aujourd’hui.

Cette fascination pour la Camarde encapuchonnée est assez répandue parmi les metalheads de tous bords, qui n’hésitent pas exorciser leurs peurs quant à cette transcendance de la chair vers les dimension éthériques qui dépasse les concepts d’espace et de temps, de matérialité et de spiritualité. Quitte à choisir la Mort comme patronyme de groupe et comme totem. L’une des légendes vivantes de la NWOBHM n’a pas hésité à faire ce choix, certes morbide, mais plutôt efficace en terme de marketing. Jusqu’à ce que GRIM REAPER se laisse aussi embarquer par Charon et finisse par sombrer en plein milieu d’une fulgurante carrière et me laisse quelque peu dans le désarroi.

Cependant, c’est ce genre de résurrection musicale qui redonne du baume au cœur là où la braise flamboyante est devenue cendre glacée et que l’on croyait certaines formations bien éteintes à jamais. Et pourtant, après presque 30 années à attendre patiemment une réincarnation de GRIM REAPER, quelle ne fût pas ma joie explosive quand j’ai appris sur un webzine américain que le miracle est enfin arrivé et que Steve GRIMMETT s’était enfin décidé à donner lui une seconde chance. A partir de ce moment, je me suis demandée quelle forme allait prendre le quartet, étant donné que Nick BOWCOTT, fondateur et principal compositeur de l’escouade britannique avait pris un chemin transverse en s’engageant chez Marshall Amplification / Korg Electronics à Big Apple, suite à leur éjection du label RCA en 1987 qui a causée leur faillite.

Mais, ne se laissant pas abattre pour autant, Steve GRIMMETT (ex-CHÂTEAUX) a rejoint les rangs d’ONSLAUGHT, juste le temps d’apposer sa voix sensationnelle sur In Search Of Sanity avant de quitter le navire et de créer LIONSHEART, avec lequel il enregistrera quatre albums, prélude à son passage chez FRICTION et GRIMMSTINE, parallèlement à sa carrière solo avec le STEVE GRIMMETT’S BAND, dont le line-up sera le même dans cette nouvelle incarnation de la Faucheuse. Vous pouvez, donc, constater que le frontman n’a pas chômé durant toutes ces années. Ces divers projets lui ont permis de gagner en expérience et d’affiner son timbre de voix, désormais plus rond et chaud que par le passé.

D’ailleurs, vous allez pouvoir le vérifier vous-mêmes lorsque vous vous serez procurés cette quatrième offrande de l’Encapuchée moissonneuse. Intitulé Walking In The Shadows et affublée d’une pochette grisonnante dans l’esprit de celles des anciens enregistrements du groupe (See You In Hell, Fear No Evil, Rock You To Hell), l’objet de ma chronique est dans la continuité de ses prédécesseurs, mais la production, bien plus moderne et puissante, est ce qui saute à l’oreille en premier. Fini l’analogique, bienvenue au numérique. Ce bond technologique est un choc quand on est, comme moi, resté(e) sentimentalement accroché(e) aux hits que furent, entre autres, Fear No Evil, Wrath Of The Ripper ou When Heaven Comes Down et qui sonnent complètement différemment de, par exemple, From Hell, Rock Will Never Die ou même l’éponyme Walking In The Shadows. Tous les titres de ce dernier opus sont mis en valeur, même si GRIM REAPER n’est plus intégralement orienté heavy metal, certaines pistes tirant stylistiquement vers le hard rock ou l’AOR, sûrement une résultante des anciennes expériences professionnelles de Monsieur GRIMMETT (LIONSHEART, SGB), qui auront inconsciemment ressurgies durant le processus d’écriture.

Même si cette navigation entre les genres n’aura pas réellement été un problème pour moi, il me faut toutefois avouer que Steve, quand bien même très à l’aise dans les mediums et les basses, n’arrive quasiment plus à atteindre les aigus comme dans sa prime jeunesse, du moins a du mal à les envoyer aussi puissamment. Sur le morceau d’ouverture, Wings Of Angels, c’est d’une terrible évidence. J’ai la sensation que Steve s’est un peu pris les pieds dans la semoule, sans forcément tomber dans les pois chiches. Le reste du temps, il est aussi piquant que de la harissa à la Worcestershire. C’est vrai que tout le monde vieillit. Et que les voix ne s’arrangent pas forcément non plus. Il n’y a qu’à voir Bruce DICKINSON ramer dans les notes les plus hautes sur les chansons-phares de la Vierge de Fer. Cela n’enlève pas pour autant le talent infini du joyeux gnome aviateur. Tout comme cela n’aliène pas non plus les aptitudes de Steve GRIMMETT, qui reste l’un des mes chanteurs préférés de la New Wave Of British Heavy Metal aux côtés de Bruce DICKINSON.

Techniquement, nous sommes plutôt sur des morceaux simples et directs, comme au bon vieux temps, sans pour autant retrouver la fougue qui caractérisait la triade assassine que formaient See You In Hell, Fear No Evil et Rock You To Hell. Cela dit, la production permet de gagner en puissance et de maintenir une certaine dynamique tout au long de l’album, avec des compos bien rentre dedans, telles que Walking In The Shadows, From Hell, Rock Will Never Die ou Blue Murder , entrecoupées de titres certes moins musclés mais non moins intéressants, comme l’opening-track Wings Of Angels, Reach Out, I’m Coming For You, Call Me In The Morning, Temptation, Thunder, Now You See Me et Come Hell Or High Water. Attention, par « moins musclés », je ne parle pas de l’énergie qui s’en dégage mais plutôt de l’intensité des refrains lorgnant vers des sphères heavy rock pas désagréables.

Vocalement, comme je le disais plus haut, Steve s’en sort avec les honneurs, même si désormais sa voix atypique, qui pour moi était naguère un mariage parfait entre celles de Ronnie James DIO, au niveau du ton rocailleux, et de Don DOKKEN, quand il explorait les hauteurs cristallines, est dorénavant moins poussive, plus duveteuse. En fait, pour moi elle a beaucoup gagnée en maturité. Steve ne cherche pas à impressionner, mais à accompagner du mieux qu’il le peut les chansons. Et c’est, justement, ce qui me plaît dans ce Walking In The Shadows : l’absence de démonstration excessive. La sobriété des compositions qui tranche avec la démesure musicale de certaines autres formations actuelles du même style.

En fin de compte, GRIM REAPER rend justice à sa mascotte dont il porte fièrement le patronyme par sa démarche mesurée mais sémillante, tout comme la Faucheuse est discrète mais incisive dans son approche. Y compris avec le clip de Walking In The Shadows qui met en scène la Mort appelant le vivant à la rejoindre dans sa danse frénétique (« Take My Hand / Follow Me / Don’t look back / Walking In The Shadows »), une allégorie claire et précise de la course-poursuite entre elle et toutes les créatures qu’elle pourchasse inlassablement, inventant constamment de nouvelles méthodes pour mettre un terme à leur existence. Cela dit, la Camarde habillée de noir n’est pas arrivée à avoir la peau du Roger Rabbit anglais chevelu à la voix d’or et de sa détermination à ressusciter l’un des plus exceptionnels joyaux musicaux de la couronne britannique des eighties, même si celui-ci, l’Encapuchonnée, a une lame courbe, bien tranchante et un teint à faire pâlir King DIAMOND, KISS et les MISFITS réunis sous sa capuche trouée. En voilà une qui a vraiment abusé de la BB Cream de chez Maybelline. Bref, Steve GRIMMETT et ses collègues nous ont sorti un album extrêmement solide et plaisant qui marque un renouveau stylistique, les compos étant moins exaltées que précédemment, indiquant ainsi un regain de plénitude et de sérénité chez nos quatre compères. Walking In The Shadows est un retour encore timide aux affaires bien qu’il surpasse bon nombre de productions heavy metal ayant vu le jour en 2016, notamment le Heavy Crown de LAST IN LINE. Le prochain opus, si Steve donne une suite à celui-ci, ce que je souhaite vivement, devra être plus direct et percutant, avoir autant de mordant qu’un Fear No Evil. Et je sais que le vocaliste et sa bande sont capables de réaliser une telle rondelle. Seulement, Walking In The Shadows est la confirmation phonographique d’une résurrection plutôt inespérée de GRIM REAPER et, de ce fait, ce dernier tâte doucement le terrain pour voir si ses supporters sont toujours là quasiment trois décennies après son terrible naufrage en plein élan. Oui, Steve, tous tes soutiens sont là, y compris moi, nous n’avons jamais oublié ta contribution et celle de tes anciens camarades, qui ont préféré se tourner vers des cieux plus cléments, au monde du metal, en général, et de la NWOBHM, en particulier. Walking In The Shadows est une « douceur acidulée » qui vous plaira forcément si vous appréciez le heavy traditionnel et son aura caractéristique intemporelle. La sordide Faucheuse s’est définitivement extirpée des Ténèbres pour vous envoûter et vous achever d’un coup d’acier trempé en pleine face. On succombe inéluctablement, mais quel bien fou cela fait de retrouver un nom qui a mondialement rayonné il y a plus de 30 piges. Et comme le scande haut et fort Steve, le rock ne mourra jamais, GRIM REAPER non plus, et c’est tant mieux !!

Line-up :

Steve GRIMMETT (chant)
Ian NASH (guitares)
Chaz GRIMALDI (basse)
Paul WHITE (batterie)

Equipe technique :

Steve GRIMMETT (production)

Tracklisting :

1) Wings Of Angels
2) Walking In The Shadows
3) Reach Out
4) I’m Coming For You
5) From Hell
6) Call Me In The Morning
7) Rock Will Never Die
8) Temptation
9) Thunder
10) Now You See Me
11) Blue Murder
12) Come Hell Or High Water

Temps total : 51 minutes

Date de sortie :

Vendredi 23 septembre 2016

Walking In The Shadows : cliquez ici




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