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02/12/2017
Take me to the gallows
PROFESSOR EMERITUS
 
Voilà un premier album admirable qui synthétise à merveille la meilleure tradition du Heavy Metal et la lourdeur sombre du Doom Metal. Il ne faut pas juger Take Me To The Gallows à l'aune de sa capacité d'innovation, mais bien des aptitudes à s'approprier les codes du Heavy Metal et du Doom Metal pour les restituer efficacement, voire leur apporter une touche personnelle.

Pour ce qui est de maîtriser les codes du Heavy Metal, on peut dire que PROFESSOR EMERITUS aurait pu évoluer dans la première moitié des années 80 sans rougir de la concurrence ! Il n'y a qu'à se délecter des parties de guitares jumelles, harmonisées, au pouvoir addictif puissant ; omniprésentes, elles structurent fortement l'identité sonore du groupe, bien plus que les riffs qui s'avèrent secs comme du JUDAS PRIEST ou plus pesants sur les passages à tendance Doom. La production très claire, mais plus sèche que puissante, avantage clairement les parties les plus mélodiques - plans jumeaux et solos - que les riffs qui manquent un peu d'épaisseur et qui sont un peu desservis par le mixage. Heureusement, une basse galopante apporte du dynamisme et de l'épaisseur. Au bout du compte, on ne peut s'empêcher de citer le nom mythique de IRON MAIDEN comme référence positive.

Autre élément qui rappelle fondamentalement le Heavy Metal des années 80, le chant aigu et légèrement éraillé qui, s'il grince un peu dans les poussées les plus intenses, n'en dégouline pas moins de prouesses expressionnistes, comme on s'en délecta sur les œuvres de SANCTUARY, AGENT STEEL et quantité d'autres formations. Que l'on apprécie ou pas, ce genre de vocalises électrise systématiquement un répertoire par ailleurs classique.

Entre deux galopades héritées de IRON MAIDEN, le groupe a l'intelligence de proposer des plages plus lentes, plus lourdes, aux ambiances plus torturées. Ainsi, le long Decius (plus de dix minutes au compteur !) serpente lentement, avec en prime un chant plus tempéré, plus grave. On retrouve également ce type de chant sur le titre éponyme, sorte de Power Ballad dramatique.

A titre personnel, j'aime énormément cette approche sans vergogne, pleine d'honnêteté et d'allant, avec une identité principale, le Heavy Metal épique, et une touche plus spécifique avec l'adjonction d'une dose de Doom. Voici un groupe dont on serait bien avisé de suivre les développements.
Alain
Date de publication : samedi 2 décembre 2017