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30/04/2018
A funeral for the world
SANHEDRIN
 
Rééditer en vinyle un album déjà publié en CD est devenu un procédé presque courant. A Funeral For The World constitue le premier opus auto-produit de ce trio originaire de Brooklyn (New York) ; initialement sorti en septembre 2017, il bénéficie donc d'une nouvelle et légitime exposition en Europe, grâce au label italien Cruz del Sur, support avisé du meilleur Heavy Metal de tradition. Car la bassiste et chanteuse Erica STOLTZ, le guitariste Jeremy SOSVILLE et le batteur Nathan HONOR ont puisé ce qu'il y de meilleur dans le Heavy Metal des années 80.

Avant de détailler ce Metal chromé de première classe, précisons que, contrairement à beaucoup (trop) de jeunes groupes récents qui s'inspirent des 80's et tentent d'en reproduire le son par nature déficient, SANHEDRIN s'est pourvu d'une production percutante et vivante et d'un mixage très clair et puissant : point de riffs aigrelets, de caisse claire tel un pétard mouillé, de chant étranglé !
S'il fallait donner des points de références, je dirais que le Metal de SANHEDRIN peut répondre à deux grands noms : JUDAS PRIEST et BLACK SABBATH, tous deux tels qu'ils jouaient au début des années 80, c'est-à-dire avec les doublettes respectives Screaming For Vengeance-Defenders Of The Faith et Heaven And Hell-Mob Rules..
Concernant la première référence, le trio se montre tout à l'aise dans ce type de registre nerveux mais mélodique que l'on entend sur des titres comme les carrés Massive Deceiver et Riding On The Dawn, le fonceur Demoness, le mid-tempo Faith Healers (tension sur les couplets, refrain efficace). Pour la seconde mention, il s'agit des compositions plus longues, plus lourdes, basées sur une alternance de plages plus mélodiques et de montées de tensions autour de riffs massifs, n'excluant pas une bonne cavalcade (procédé typique de l'ère DIO). Dans cette catégorie , on citera le massif titre éponyme, l'épique Collateral Damage, le poignant No Religion et le très bon Die Trying en clôture d'album (dont les parties les plus délicates me rappelle un peu les débuts de FATES WARNING, le reste du morceau s'avérant nettement plus musclé, voire échevelé).

Les références que je viens de livrer visent à donner un ordre d'idées, des points d'ancrage. Il faut ajouter que SANHEDRIN s'est approprié cet héritage avec brio. La formule du trio implique forcément une architecture sonore un peu particulière. Ainsi, les lignes de basse sont bien présentes et leur épaisseur permet de soutenir à merveille les rythmiques quand la guitare part dans des solos par ailleurs savoureux car très construits et mélodiques. La batterie peut se faire très lourde, comme elle peut produire un jeu plus mobile et intense.

Au chant, Erica STOLTZ fait montre d'une maîtrise digne d'éloges tant elle parvient à alterner les parties crispées et impactantes, les envolées plus amples et plus aiguës, et enfin les plages plus posées et nuancées. Reproduire ces parties sur scène, tout en assurant les lignes de basse et l'animation scénique n'est pas donné à tout le monde (jugez sur pièce : cliquez ici et encore cliquez ici) !

Respectueux du passé mais solidement ancré dans le présent, SANHEDRIN effectue un début extrêmement convaincant qui appelle déjà des suites glorieuses, car ce groupe a de la classe.
Alain
Date de publication : lundi 30 avril 2018