16 / 20
08/05/2018
Earthbound
BISON
 
Comme le temps passe vite ! Cela fait plus d'une décennie que le quartette canadien (parfois appelé BISON BC pour British Columbia, afin d'éviter toute confusion avec un BISON américain) a publié Earthbound, un tout premier EP riche de six titres. Si les trois premiers albums du groupe ont connu un relatif succès critique (notamment grâce à une signature chez Metal Blade), Earthbound n'avait connu qu'un tirage limité à 1000 exemplaires par le truchement du petit label Forest records. Au moment où BISON s'apprête à promouvoir sur scène son quatrième opus (You're Not The Ocean You're The Patient, publié par Pelagic records), il n'est donc pas superflu de redécouvrir ce disque, qui plus est pourvu d'une nouvelle illustration.

Trimballant une étiquette Stoner Sludge, il n'était pas étonnant que, dès 2017, BISON se distingue par sa capacité à donner dans les rythmiques lourdes, dans les riffs charbonneux et dans un groove épais et tendu. Parfaitement mises en valeur par une production vibrante et un mixage puissant, les six compositions combinent un rendu abrasif et urgent avec des structures ponctuées par des changements de rythmes et de tempos, avec pour corollaire une tension dramatique perpétuellement tisonnée. Lors des passages les plus lents et lourds (où règne un groove poisseux à la CORROSION OF CONFORMITY), on sent planer une menace rampante mais, quand le groupe accélère, on prend l'impact (presque Hardcore) en plein face : de vraies charges de bisons ! Les solos de guitare, bien que saturés et nerveux révèlent fugacement des réminiscences bluesy qui laissent deviner d'autres dimensions possibles.

Parfaitement complémentaires sur le plan instrumental, les deux guitaristes se partagent également des vocaux écorchés, quoique toujours suffisamment articulés et pas trop caverneux. Encore une fois, par moments, il y a un sentiment d'urgence que ne renieraient pas certains gangs de Hardcore (écoutez le titre Wartime pour vous faire une idée).

Au total, on apprécie tout particulièrement ce flux intense qui nous submerge de manière directe, mais aussi le fait que le groupe, s'il privilégiait alors un impact maximal, n'en oubliait pas moins de complexifier ses structures et d'injecter un groove parfois irrésistible (The Curse). En 2018, ces six titres n'ont tout simplement pas pris une ride.
Alain
Date de publication : mardi 8 mai 2018