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15/05/2018
Blood sports
AVENGER
 
Au cours des années 80, nombreux furent les groupes de Hard rock et de Heavy Metal à reprendre à leur compte l'imagerie développée par les films apocalyptiques (du type Mad Max et tous ses piètres succédanées) ou d'horreur (Halloween, Massacre à la tronçonneuse, Vendredi 13), avec à la clé une exhibition complaisante de masques, d'outils tranchants et d'attitudes agressives. Juste pour nous rafraîchir la mémoire, songeons à EXCITER (Violence And Force), EXUMER, LIZZY BORDEN, mais aussi le second degré avec le batteur de RAVEN, Steve Wacko HUNTER, qui évoquait fort explicitement un forcené, avec son attirail de joueur de foot US. Ajoutons à la liste AVENGER qui, pour son premier album, convoquait tout à la fois une tronçonneuse et un équipement de football américain copieusement clouté : toute une époque de finesse en somme...

AVENGER avait vu le jour en 1982 à Newcastle, grâce à des anciens de BLITZKRIEG, et, dès ses origines, ne prétendait pas ressusciter l'esprit de finesse du Rock progressif anglais de la décennie précédente. Suivant les préceptes basiques édictés par RAVEN via ses deux albums fondateurs (et très mésestimés), à savoir Rock Until You Drop (1981) et Wiped Out (1982), AVENGER s'inscrivit sans ambages dans la lignée d'un Hard Rock suffisamment teigneux et rapide pour passer pour du Heavy Metal. Blood Sports avait vu le jour en 1984 sur le fameux label Neat records.

Les compositions étaient taillées pour l'efficacité, sûrement avec en tête le rendu scénique : petits riffs teigneux, basse tendue, batterie en effervescence (double grosse caisse sur certains passages), chant nerveux, pas très puissant mais suffisamment modulé pour animer le tout. Les structures demeuraient très classiques : introduction, couplet, refrain et on reprend, en casant toutefois des solos de guitare incisifs. Le but du jeu semblait de foncer dans le tas, de distribuer baffes et gnons, en privilégiant la ligne droite à travers la défense adverse.
Toutefois, AVENGER se montrait capable de varier le propos, avec une approche plus théâtrale, plus progressive et grandiose. C'est le cas sur les deux compositions les plus longues (entendez : dépassant les cinq minutes), N.O.T.J, à la rythmique martiale ponctuée par un break à l'ambiance brumeuse et sinistre, et Warfare, sorte de ballade lourde du meilleur goût.

En guise de bonus sur cette réédition, on nous propose un jingle radio d'un peu plus d'une minute (extrait du morceau Hot'n'Heavy Express, tiré de la première démo du groupe datant de 1982) ainsi que deux démos (Enforcer, datant de 1983, et Love's Too Late, également de la première démo de 1982). Histoire de l aurait été intéressant de pouvoir bénéficier de l'ensemble de la démo de 1982, soit cinq titres au total.

A sa sortie, Blood Sports n'avait pas remporté le succès escompté, arrivant sûrement trop tard pour bénéficier à plein de l'effet New Wave Of British Heavy Metal et, à l'instar des compatriotes de SATAN, BLITZKRIEG, TYSONDOG, subissant une concurrence acharnée et internationale de la part des groupes qui s'adonnaient plus franchement aux joies toutes récentes et encore balbutiantes du Speed Metal et du Thrash Metal.
Qu'importe, à condition d'apprécier les prises de son très live et les mixages à l'arrache, les amateurs de la NWOBHM ne peuvent que succomber à cette réédition de Blood Sports, un album direct, vibrant, honnête et attachant.
Alain
Date de publication : mardi 15 mai 2018