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12/10/2018
The wellspring
ACOLYTES OF MOROS
 
Depuis 2010, le trio suédois ACOLYTES OF MOROS s'était cantonné à publier des démos, un EP et deux splits (dont un en compagnie de CARDINALS FOLLY et CHURCH OF VOID, preuve de goût ultime!). Il était temps de concrétiser les promesses ainsi exposées en réalisant le format ultime pour un groupe de Metal, à savoir l'album.
Je ne vais pas vous mentir en affirmant que The Wellspring scelle le passage au professionnalisme et marque l'avènement d'une maturité porteuse de novation. Si l'on s'en tient aux critères actuels, le son de cet album relève de la démo honnête à la fin des années 90 : riffs rêches, batterie sèche au possible, manque de relief... Cela dit, il est plus que probable que cet état des lieux technique relève avant tout d'un choix esthétique, que d'un défaut majeur.

Ainsi, le son de The Wellspring demeure austère, sec, dépouillé. L'auditeur ne peut espérer subir des rythmiques aplatissantes, des murs du son impénétrables. L'attitude fondamentale des ACOLYTES OF MOROS semble consister à montrer sa maigreur, plutôt qu'à ériger un vaste monument funéraire en marbre. Cette approche basique comporte autant d'inconvénients (manque de puissance et de profondeur notamment) que d'avantages. Immanquablement, de ces sonorités rêches et imparfaites émane un parfum d'underground qui sied bien à ce genre. Pour un adepte du Doom depuis les années 80, je vous assure qu'il est rassurant d'entendre des riffs râpeux, austères et lugubres, et non des produits parfaitement profilés, à la lourdeur émasculée par un polissage numérique de mauvais aloi. De même, les vocaux alternent timbre grave, articulé et désincarnés d'une part, quelques grondements écorchés et primitifs d'autre part. Forcément, nos acolytes ne peuvent prétendre à concourir dans la sous-catégorie prestigieuse du Doom épique et se situent par essence dans le sillage du Doom Metal classique, héritier de THE OBSESSED et PENTAGRAM. A ceci près que le groupe n'offre pas de versant Rock, fût-il graisseux et sinistre. L'ambiance générale demeure gothique et lugubre, avec une salvatrice alternance entre rythmiques désolées et inserts aux mélodies tout aussi décharnées que sans espoir.

En fin de compte, ce qui me plaît particulièrement dans cet album, c'est son unité et la capacité dont font montre les trois musiciens à développer leur Doom rampant au fil de compositions longues et propices à des progressions rythmiques insidieuses (quatre titres sur cinq durent entre dix et quatorze). D'après ces critères underground, ce premier album de ACOLYTES OF MOROS ressemble fort à une bouée de sauvetage. Comment la refuser ?
Alain
Date de publication : vendredi 12 octobre 2018