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14/12/2018
Chapter 2
MISTY GREY
 
Ce groupe espagnol donne une suite à son premier album, Grey Mist, paru en 2015, et il ne fait aucun doute que MISTY GREY va voir sa réputation enfler davantage. Entre les deux albums, les Madrilènes ont eu à opérer un changement tout aussi stratégique que périlleux puisque la chanteuse Malicia a cédé la micro à la dénommée Bea. Fondamentalement, cela n'implique aucun bouleversement dans l'architecture musicale propre à MISTY GREY. Le groupe continue à s'adonner à un Doom Metal classique, dans la lignée de PENTAGRAM, formation légendaire qui perpétue depuis les années 70 l'héritage du Heavy Metal initié par BLACK SABBATH.

Ouvertement et fièrement attaché à ces influences, MISTY GREY continue à aligner des riffs fuzzy et lugubres, soutenus par des lignes de basse ventrues mais agiles et par une batterie au son sec, avec des incises nerveuses de la guitare solo, portant une empreinte Blues et psychédélique. Bien que le tempo ne soit pas univoquement lent et que les structures comportent des variations, l'impression d'ensemble demeure sinistre et pesante. Fort heureusement, l'élément qui permet à ce répertoire somme toute classique est bien entendu le chant féminin de la nouvelle venue Bea. Impérieux, modulé, un peu nasal, il me fait penser à une version venimeuse de Grace SLICK du célèbre groupe de Rock psychédélique JEFFERSON AIRPLANE ; des similarités sont à relever avec les tonalités et les intonations d'Alia O'BRIEN, la maîtresse chanteuse de BLOOD CEREMONY. Bien que sur un mode nettement moins rugueux que ce que pratique le trio instrumental, la chanteuse apporte sa pierre à un édifice gothique, relevant de fond de sous-culture horrifique et ésotérique sans cesse touillé par le Rock et le Heavy Metal en particulier.

La prise de son privilégie systématiquement un rendu live et le mixage ne cherche pas à singer la surpuissance des productions modernes au profit d'un juste équilibre entre le côté charbonneux et la possibilité d'entendre convenablement chaque instrument et de profiter à plein des lignes vocales. Sans être renversantes, les compositions s'avèrent solidement charpentées et accrocheuses pour ne pas sonner comme des reprises déguisées des groupes inspirateurs de MISTY GREY. Pour ma part, j'estime que l'on passe un moment délicieusement frissonnant à l'écoute de ce second chapitre. Dans l'optique du chapitre suivant, j'encouragerais le groupe à davantage laisser libre cours à ses penchants psychédéliques, étant entendu que le psychédélisme dont il est question ici se trouve bien plus générateur d'angoisses que porteur de joliesses colorées.
Alain
Date de publication : vendredi 14 décembre 2018