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12/01/2019
Legends of the grail
FENRIR
 
Parmi la palanquée de formations ayant choisi de se baptiser FENRIR (se plaçant ainsi sous l'égide du plus féroce loup de la mythologie nordique), il en est une française qui sort en ce début d'année son second album, Legends Of The Grail. Pour mémoire, ce groupe de l'est de la France avait déjà publié en 2012 un premier album baptisé Echoes Of The Wolf. Contrairement à ce que pourrait laisser penser le nom FENRIR et conformément à l'indice on ne peut plus explicite livré par le titre, l'ensemble de l'opus se trouve consacré aux légendes arthuriennes. D'ailleurs, la sublime illustration de pochette, signée par Edouard NOISETTE, illustre sans effet grandiloquent inutile l'épisode fameux du Roi pêcheur, celui-là même qui, bien qu'affaibli par une blessure à la hanche, accueillit Perceval en son château, lui offrant gîte et couvert ; prisonnier de codes fraîchement acquis, le chevalier gallois n'osa rien demander au sujet de cette lance qui saigne et de ce Graal qu'il aperçoit lors du dîner. C'est ainsi que notre preux chevalier laissa échapper l'occasion d'en savoir plus, voire de s'emparer de la lance qui perça le flanc du Christ en croix et le Graal qui recueillit son sang...

Pour illustrer ces légendes passées à la postérité, FENRIR maintient plus que jamais le cap d'un Folk Metal symphonique ayant belle allure. On salue en premier lieu la performance de la chanteuse Elsa THOUVENOT, dont le timbre profond et velouté se combine avec une solide capacité à moduler et pousser sa voix, quoique sans jamais verser dans les excès irritants de ces divas du chant lyrique qui en font des tonnes. Afin de demeurer dans la sphère celtique, son registre m'évoque une version plus lyrique de Karen MATHESON (du groupe Folk New Age écossais CAPERCAILLIE) et de Mairéad NI MHAONAIGH (du groupe Folk irlandais ALTAN). Toujours sur le plan vocal, harmonies et choeurs viennent rehausser les performances de la dame, le tout étant privilégié par le mixage. Quand cela s'avère nécessaire, des vocaux extrêmes masculins, teigneux au possible, s'immiscent dans les parties les plus virulentes (Conquest Of Britain), sans que cela ne déséquilibre l'ensemble.

Autres éléments mis en exergue par le mixage, les apports Folk, principalement apportés par le violon, pourvoit largement les compositions en mélodies d'obédience celtiques. Lesquelles sont certes pour la plupart familières mais elles font toujours leur effet ! Les parties de guitares acoustiques viennent avantageusement apporter un contraste à des rythmiques nerveuses et véloces. A cet égard, on me permettra toutefois de regretter que les riffs et les lignes de basse ne soient pas davantage mis en avant par le mixage, ce qui ôte parfois d'impact à certaines parties. Ce léger déficit de puissance se trouve en partie pourvu par le jeu très intense du batteur, dont il faut louer l'abattage.

Du point de vue des compositions, on trouve une alternance bienvenue de moments épiques (assimilables à du Power Metal mélodique) et de plages plus apaisées ; l'auditeur se trouve donc embarqué dans un univers musical haut en couleurs, compatible avec la lecture de tout ouvrage d'Heroic Fantasy, voire la (re)lecture de Perceval le Gallois de Chrétien de Troyes.
Alain
Date de publication : samedi 12 janvier 2019