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31/05/2019
The black powder
LORD VICAR
 
Trois ans après Gates Of Flesh, les Finlandais de LORD VICAR livrent leur quatrième album et se permettent de repousser les limites de leur Doom Metal. Pour mémoire, LORD VICAR est notamment le fruit de la collaboration entre Kimi KÄRKI (ancien guitariste des cultissimes REVEREND BIZARRE, mais aussi actif au sein de ORNE, UHRIJUHLA...), du chanteur suédois Chritus (ancien de SAINT VITUS, TERRA FIRMA, GOATESS et COUNT RAVEN, excusez du peu), appuyés par Richard JONES à la basse et par Gareth MILSTED à la batterie. Ce quatuor expérimenté connaît son Doom sur le bout des doigts, dans sa pratique traditionnelle mais aussi dans ses dimensions progressives et épiques.

Histoire de repousser les limites et de bien afficher sa volonté de ne rien se refuser, LORD VICAR inaugure The Black Powder par le titre le plus long de sa discographie, l'imposant Sulfur Charcoal And Saltpeter et ses dix-sept minutes dépassées au compteur  ! Un tel format est l'occasion pour le groupe de proposer un cheminement entre des séquences pour le moins contrastées, entre une introduction et une conclusion acoustiques et pastorales (dans la lignée des albums solo Folk de Kimi KÄRKI), avec une progression rampante vers plus d'épaisseur, jusqu'à ce que résonne un riff titanesque qui donne le signal du départ pour une rythmique austère et lourde, le chant de Chritus combinant austérité et expressivité, avec quelques arrangements bienvenus  : effets, voix doublées... Ponctuée de plages atmosphériques, cette reptation écrasante oscille entre douceurs vénéneuses et orages existentiels, jusqu'à un épilogue tout droit sorti du Folk Prog des années 70. Loin de n'être qu'un étalage vain, Sulfur Charcoal And Saltpeter s'impose d'entrée de jeu comme un authentique tour de force.

Pour demeurer dans les formats impressionnants, soulignons que LORD VICAR livre en outre deux titres de huit minutes, puissants, massifs et majestueux (The Temple In The Bedrock et Descent) et un conclusif A Second Chance (10'42 d'alternance entre clarté mélodique et noirceur charbonneuse en guise d'au revoir). Le reste des compositions excelle dans un registre plus carré et classique, mais impeccable de lourdeur et de désolation, collectionnant les riffs obsédants et les lignes de chant entêtantes, la section rythmique oscillant entre lourdeur sinistre et animation rythmique intelligente. Les trois minutes du bien nommé Impact voient tout ce petit monde accélérer quelque peu le tempo et montrer les crocs, tandis que le fabuleux Nightmare développe au contraire une ambiance éthérée, douce et triste absolument saisissante.
Outre son talent inné de rythmicien granitique, impossible de passer sous silence la qualité des solos de Kimi KÄRKI, jamais bavard, toujours intenses et très construits.

Moins que jamais, on ne peut réduire LORD VICAR à un très bon groupe de Doom Metal, tant le talent d'écriture (et d'arrangement) ainsi que la variété des apports supplémentaires n'ont de cesse de créer une personnalité forte, puissante et fatalement addictive. Un grand album.

Vidéo de Impact : cliquez ici
Alain
Date de publication : vendredi 31 mai 2019