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04/06/2019
Mollo rilla
MOLLO RILLA
 
MOLLO RILLA est un quartette originaire de Cleveland, Ohio. Bien que formé récemment (2017), le combo n'hésite aucunement à livrer un double album pour ouvrir le compteur de sa discographie : rien moins que treize compositions, plus une introduction, pour une durée totale frôlant les 80 minutes, excusez du peu ! Ceci affiché, reste à évaluer la réussite de cette entreprise ambitieuse. D'autant plus que, du point de vue stylistique, MOLLO RILLA ne s'appréhende pas forcément très facilement. La formation multiplie les sources d'inspiration et en propose une synthèse singulièrement attractive et aboutie.

A la base de la plupart des compositions, notamment les plus concises, il y a le Rock dans ce qu'il a de plus net, précis, teigneux et viscéral : rythmes binaires, section rythmique carrée, riffs granuleux sèchement assénés, chant modulé, sans effet inutile, faussement détaché, mélodies simples mais prenantes. Pour ne prendre qu'un seul exemple, tentez d'écouter Anthem (cliquez ici) et de ne pas tortiller du croupion ! Dans ces moments-là, le groupe fait honneur au MC5 et aux FLAMIN' GROOVIES. Dans un ordre d'idées pas si éloigné, MOLLO RILLA combine Rock de base avec une approche plus grave qui m'évoque les DOORS. La nervosité déjantée et l'ambiance gothique ne sont pas sans rappeler les CRAMPS.
Particularité du son de MOLLO RILLA, l'effectif du groupe comprend un claviériste, qui peut tout aussi bien en rajouter dans l'énergie aigre ou au contraire mettre en place des arrangements vaporeux et veloutés.

Redoutablement efficace dans les formats courts, MOLLO RILLA prend des risques en proposant des formats nettement plus conséquents, qu'il s'agisse de la splendide ballade crooneuse Flowers (plus de dix minutes de finesse poignante, avec une performance vocale frissonnante, cliquez ici), de la lourdeur hypnotique presque Doom de In Dreams (neuf minutes d'angoisse, cliquez ici), des variations entre couplets tout en retenue et refrain choral immense du bien nommé Nectar (sept minutes) ou encore des variations subtilement hypnotique de Ascension (presque huit minutes, cliquez ici). Aucune longueur, aucune prétention, ces espaces plus confortables se trouvent utilisés pour rendre les compositions plus expressives et ils permettent d'introduire une salutaire variété dans l'album.

Du fait de cette alternance de formats et d'ambiances, la découverte de cet album s'apparente à un immense voyage au cours duquel l'auditeur se trouve confronté à une multitude de paysages, de sensations et d'émotions, avec toujours la personnalité des musiciens qui assure une logique d'ensemble. Une expérience marquante et une magnifique découverte.
Alain
Date de publication : mardi 4 juin 2019