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07/12/2019
Black is the night – the definitive anthology
THE DAMNED
 
Compilations, best of, anthologies, autant de formats que l'industrie discographique s'est ingénié à rendre fumeux et abscons, alors même que l'idée de découvrir des morceaux choisis du répertoire d'un groupe semble a priori séduisante. Le moins que l'on puisse dire, c'est que THE DAMNED a davantage subi que bénéficié de la prolifération des compilations, plus ou moins autorisées, complètes et pertinentes, et ce, dès le tout début des années 80 !

Avant de poursuivre, il faut resituer THE DAMNED dans le fleuve chaotique du Rock. En 1976, ce combo fut le premier à faire paraître un 45 tours qui devait marquer les débuts discographiques du Punk britannique : on parle ici du virulent New Rose. L'année suivante, ils furent les premiers des Punks à dégainer un album, Damned Damned Damned, pure décharge de Rock séminal, urgent, vicieux et dangereux. La même année, suivait un second album, Music For Pleasure. Moins brûlant que son prédécesseur, cet opus portait aux yeux des nouveaux convertis la marque de l'infamie suprême, puisqu'il était produit par... Nick MASON, batteur de PINK FLOYD !!! Crime de lèse majesté qui, conjugué aux défections permanentes ou temporaires de membres éminents (le guitariste Brian JAMES (futur LORDS OF THE NEW CHURCH) et le batteur Chris MILLAR, alias Rat Scabies. Les deux membres les plus constants du groupe demeurent à ce jour le chanteur Dave VANIAN et le bassiste, puis guitariste, Ray BURNS, alias CAPTAIN SENSIBLE (celui-là même qui signa en 1982 le tube immense Wot ! cliquez ici).

Le temps que le groupe accouche du fort respectable Machine Gun Etiquette en 1979, l'histoire était d'ores et déjà écrite et les premiers rangs du Punk Rock occupés par les météoriques SEX PISTOLS et les plus durables et diversifiés THE CLASH. Le reste de l'histoire de THE DAMNED fut une longue lutte pour la survie. Lutte fertile et utile puisqu'en 2018, THE DAMNED se montra encore capable de produire un album de Rock chaleureusement accueilli sur notre site (cliquez ici).

En attendant des développements discographiques complémentaires, cette anthologie a pour ambition revendiquée de couvrir l'ensemble de la carrière du groupe, des débuts du combo, jusqu'à ses développements actuels. Si le livret dépliant se révèle explicite quant à la carrière tortueuse du groupe, l'ordre des morceaux de ce double CD s'avère pour le moins troublant. Au risque de passer pour un vieux con, un choix strictement chronologique aurait été largement préférable à l'ordonnancement prétendument thématique retenu. Le fait est qu'il faut attendre la douzième plage du premier CD pour tomber sur les brûlots du premier opus, par, ailleurs assez chichement comptés (cinq titres seulement, impasse sacrilège étant faite sur l'indispensable Stab Your Back).

Quiconque trouve la boussole propre à cette anthologie constate que THE DAMNED n'avait pas pour ambition réductrice de pratiquer de manière docile et disciplinée un Punk Rock qui prétendait bousculer les normes en vigueur. Les années 80 virent le groupe mixer leur amour primordial d'un Rock mordant avec une imagerie, un chant et des ambiances davantage portées sur le Rock gothique (il faut pouvoir supporter ces arrangements de claviers bon marché et irrémédiablement datés).

Une chose demeure pour acquise, THE DAMNED n'a jamais cherché à tout prix à entretenir une quelconque et fallacieuse formule Punk, alors même qu'une constante éthique Rock tisse la trame commune à ces dizaines de compositions qui, si elles ne s'imposent pas comme des classiques, n'en demeurent pas moins solidement charpentées et in fine efficaces.

Forcément plus complète que l'excellente double compilation The Light At the End Of The Tunnel (1987), Black Is The Night – The Definitive Anthology représente un vecteur solidement représentatif pour pénétrer la longue carrière de ces entêtés du Rock anglais.
Alain
Date de publication : samedi 7 décembre 2019