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26/12/2019
Sin / pecado + 2econd skin
Moonspell
 
Béni soit le label Napalm qui, en proposant cette réédition du troisième album de MOONSPELL, me reconnecte avec l'année 1998, qui vit le début de ma rupture avec le groupe portugais. Initialement, j'avais totalement succombé au charme baroque du premier mini-album cinq titres Under The Moonspell, paru sur le label français Adipocere en 1994. En dépit d'une mise en place encore un brin naïve, il était flagrant que MOONSPELL reprenait à son compte, non seulement l'extrémisme de la vague Black Metal, mais également le corpus ô combien idolâtré du Heavy Metal torturé à la MERCYFUL FATE. Avec qui plus est des arrangements fleurant bon l'Orient. Le premier album, Wolfheart (1995), présentait une version solidifiée du mariage entre Heavy Metal complexe et pulsions extrêmes. Mais déjà, dans les vocaux notamment ponctuellement graves et clairs, on sentait poindre une gravité spécifique. Irreligious (1996) voyait se développer des tendances plus mélancoliques et mélodiques, quoique de manière encore un tantinet maladroite.

Pour autant, quand Sin / Pecado parut en 1998 (précédé du EP quatre titres 2econd Skin l'année précédente), MOONSPELL avait opéré une mutation expresse en direction d'un répertoire Metal fortement imprégné des préceptes propres au Rock gothique (SISTERS OF MERCY en tête) et même à l'Electro Pop exigeante de DEPECHE MODE, dont le morceau Sacred (figurant à l'origine sur l'album Music For The Masses de 1987) avait été repris sur 2econd Skin. La franchise de l'évolution m'apparut à l'époque décevante, surtout que quantité de groupes franchissaient à la même période le même type de Rubicon (TIAMAT, CREMATORY, PARADISE LOST, THEATRE OF TRAGEDY...).

Bref, plus de vingt ans s'étant écoulés depuis cette déception, j'ai pu redécouvrir Sin / Pecado et l'apprécier à sa juste valeur. Car là où quantité de formations prenant le train gothico-électro en cours de route firent preuve d'approximations dues à des conversions tardives, MOONSPELL faisait montre d'un sens affirmé de la fusion. Les deux guitaristes continuaient à décocher des solos incisifs et construits, issus de la meilleure tradition du Heavy Metal européen. De, même, si les riffs se font plus directs et plus secs, à l'instar de ce qui se pratique dans le Rock gothique, ils conservent un tranchant typiquement Metal. De même que la section rythmique se refuse à abandonner son intensité.

Par contre, le chant de Fernando RIBEIRO se fait bien souvent grave et clair, porteur d'une gravité à mi chemin entre le laconisme lugubre du Rock gothique et les accents croonesques de Dave GAHAN chez DEPECHE MODE.
Assez logiquement, les structures des compositions se font globalement plus directe, plus efficace, au service de rythmiques accrocheuses et de mélodies nettement plus marquantes. Dans le même mouvement, les arrangements de synthés et électro (aujourd'hui assez datés) prennent leurs aises, sans rogner la puissance globale du répertoire.

Quoique j'en ai pensé à l'époque, quelle que soit ma réévaluation d'aujourd'hui, le fait est que Sin / Pecado possédait une cohérence et une efficacité indéniables et, aujourd'hui encore, il s'en dégage un charme certain.

Vidéo de 2econd Skin : cliquez ici
Alain
Date de publication : jeudi 26 décembre 2019