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21/04/2020
State of mind
BRASS OWL
 
En 2018, nous vous avions présenté avec enthousiasme le premier EP de BRASS OWL, fruit d'une initiative auto-produite en provenance inattendue du fin fond de l'Ohio (relisez et instruisez-vous : cliquez ici). Aujourd'hui, Brian TARTER (chant et guitare), Lonnie BUCKLEY (batterie), renforcés par le bassiste monstrueux Brent OLDS, reviennent à la charge, toujours en auto-production, avec un premier album baptisé State Of Mind. Car il s'agit bien d'entendre, de sentir un état d'esprit, plutôt que de s'affilier à telle ou telle chapelle, forcément toujours trop étroite.

Fondamentalement, les paramètres propres à BRASS OWL n'ont guère changé : le duo représente ce qu'on peut imaginer de mieux comme cousin de CLUTCH, pourvu d'un énorme bagage hérité des années 70's.
Tout ce qui fut épais et groovy a semble-t-il concouru à forger l'identité de ce projet. Le côté aventureux, funambulesque et expert de CREAM ou du Jimi HENDRIX EXPERIENCE (le BAND OF GYPSIES est également éligible !). Le groove de JAMES GANG. Le rendu brut de décoffrage des premiers pas de BLUE CHEER. L'amour des rythmiques épaisses combinées à des harmonies vocales simples mais vraiment belles, comme chez GRAND FUNK RAIL ROAD. L'équilibre toujours aussi tendu entre mélodies délicates et l'orage électrique, comme chez MOUNTAIN. La délicatesse du Blues acoustique. Ce même Blues Rock vicieusement chargé en électricité venimeuse par ZZ TOP.
Ou pourrait poursuivre longtemps, et sans coup faillir, sans faute de goût, le jeu des références des années 70. Cependant, il faut y adjoindre également un sens de l'impact propre aux déjà cités CLUTCH et un usage ponctuel d'harmonies vocales nasales et mélancoliques à la ALICE IN CHAINS.

Loin de nous l'idée de réduire l'ambition de BRASS OWL à une volonté de cocher un maximum du cases référentielles prestigieuses. En effet, le combo possède ses qualités propres, notamment celle de composant des titres à la fois rythmiquement libres et variés, tout en demeurant concis et efficaces, généreusement pourvus qu'ils sont de points de repères tant rythmiques que mélodiques.

Autre dimension spécifique à BRASS OWL, la technicité de ses instrumentistes. On ne louera jamais assez la profondeur élastique et versatile du duo rythmique, aussi capable de swing sexy, de reptations épaisses, que de discrètes ponctuations dans les séquences les plus intimistes.
Reste à souligner la technicité, mais aussi le feeling et la variété de registres du guitariste Brian TARTER. Ce type s'est fait remarqué par des aptitudes de shredder, qu'il met ici en application, notamment au moment où le tout manque de verser dans le Jazz Rock. Aussi à l'aise dans des solos bluesy émotionnellement porteurs, il s'avère capable de déchaîner une avalanche de notes qui font sens, de même qu'il peut verser dans le Blues Folk acoustique si nécessaire. Et sans jamais rien perdre en feeling... La grande classe !

Face à la qualité de la musique délivrée, l'unique question qui demeure valable ne porte aucunement sur la valeur artistique mais bien sur la raison pour laquelle une telle musique et un tel groupe n'ont pas été appuyés par une maison de disques, si modeste soit-elle. Par pitié, au nom de la fée électricité, ne soyez pas aussi timorés !!!

vidéo de Hook, Line And Sinker : cliquez ici
Alain
Date de publication : mardi 21 avril 2020