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02/05/2020
Slow psychedelic speedrock
SATORINAUT
 
SATORINAUT est un trio hongrois qui, ainsi que le laisse largement entrevoir l'illustration de pochette, a amarré son vaisseau spatial au psychédélisme de la fin des années 60. De la rencontre du Blues et du Rock naquit le Blues Rock, lequel se développa au cours des années 60, notamment en Grande-Bretagne. Vers le milieu de cette décennie vitale, le Blues Rock accueillit en son sein les volutes mouvantes et multicolores du psychédélisme, avec à la clé une émancipation croissante des cadres respectifs du Blues et du Rock. Finis la linéarité, finie la structure intro-couplet-refrain, finis les compositions suffisamment brèves pour tenir sur un single et, accessoirement, espérer passer en radio. En ayant recours à tout l'attirail électronique et à la puissance de la fée électricité, un nombre croissant de formations se lancèrent dans des excroissances débridées sur des bases Blues Rock. Les plus fameux furent CREAM, Jimi HENDRIX, TEN YEARS AFTER, QUICKSILVER MESSENGER SERVICE, THE ALLMAN BROTHERS BAND, Johnny WINTER, et plus tard, dans un versant encore plus sauvage BLUE CHEER, LED ZEPPELIN, MOUNTAIN... Tous ces groupes accordèrent une place fondamentale à la guitare solo et aux improvisations, ces dernières permettant aux musiciens de broder pendant des durées de plus en plus longues.

C'est bien cet héritage que revendique sans ambages SATORINAUT, en y ajoutant une radicalité supplémentaire : pas de chant, enregistrement en direct avec un magnétophone numérique portatif. A la base de tout, vous avez un batteur qui, non content de tenir imperturbablement les tempos, n'a de cesse de solliciter toutes les pièces de son kit pour développer un jeu intense, tout en tension. Sur cette trame riche, le bassiste pose des lignes de basse paradoxales en ce sens qu'elles sont épaisses, bitumineuses, énormes mais qu'elles demeurent souples, génératrices d'un groove de tous les instants.

Sur une assise aussi florissante et solide, le guitariste n'a plus qu'à développer ses solos quasi non stop. Songez à d'immenses solos à la Jimi HENDRIX, gavés de saturation, de fuzz, débordant d'électricité crépitante, les notes étant aussi bien étirées que précipitées en un flot impérieux. Régulièrement, l'orage s'apaise et des motifs plus apaisés, plus subtils se développent. Je n'avais guère entendu une telle démonstration, du moins pas depuis les derniers albums de Frank MARINO !

Les anciens combattants retrouveront des sensations de leurs vingt ans, depuis longtemps enfuis. Les plus jeunes, pour peu qu'ils acceptent de subir ce flot de guitare électrique sans interruption, se trouveront happer pour un voyage pour le moins mouvementé. Larguez les amarres !

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Alain
Date de publication : samedi 2 mai 2020