17 / 20
15/05/2020
A grayer dawn
MOLASSES BARGE
 
MOLASSES BARGE est un quintette formé en 2008 à Pittsburgh, Pennsylvanie. Pas vraiment le genre de localisation qui incite à pratiquer une musique follement joyeuse et foncièrement légère. Effectivement, ce groupe donne dans le lourd, dans le massif, aux confins du Doom Metal classique, du Sludge et du Stoner Metal. Un premier album sans titre avait vu le jour en 2017, suivi la même année par un album de reprises, Covered In Molasses, qui en disait long sur les influences du combo : s'y trouvaient en effet réinterprétés BLACK SABBATH, DEEP PURPLE, MOTÖRHEAD, BUFFALO, THE OBSESSED, BACHMAN TURNER OVERDRIVE mais aussi, plus surprenant, THE YARDBIRDS et CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL. Une liste pour le moins variée et intéressante, dont on va voir en quoi elle fait tout le sel du second album, au titre fort peu optimiste A Grayer Dawn.

Du Doom, MOLASSES BARGE a adopté la lourdeur et la lenteur. Du Sludge, on retrouve ces riffs crasseux. Du Stoner, on détecte une prédilection pour les rythmiques rebondies et épaisses. La bassiste Amy BIANCO (déjà entendue chez MONOLITH WIELDER et LYCOSA) envoie des poutres en fonte, tandis que son collègue batteur Wayne MASSEY martèle on ne peut plus sèchement. Leurs collègues guitaristes Justin GIZZI (MONOLITH WIELDER entre autres) et Barry MULL balancent des riffs de pur bitume. Le chanteur Brian Butch BALICH (ARGUS, ARDUINI-BALICH, ex-PENANCE) s'engage totalement, avec un timbre rauque parfaitement modulé et particulièrement expressif.

Si l'on s'en tient à ces ingrédients, on en déduit que MORASSES BARGE a livré un album de Doom Sludge puissant et suffocant, comme il s'en produit des dizaines : efficace mais peu original. Or, c'est ici qu'il faut relire la liste des reprises citées au début de la chronique et comprendre que le groupe est capable d'introduire dans son épais magma des éléments autrement plus subtils.

Ainsi, les solos de guitare misent avant tout sur un feeling bluesy, préférant moins de notes mais plus de vibrations. Le mur rythmique s'avère quant à lui moins monolithique qu'il n'y paraît de prime abord, avec une approche qui me rappelle un peu THE OBSESSED, SPIRIT CARAVAN, THE HIDDEN HAND, soit trois groupes initiés par le chanteur-guitariste Scott Wino WEINRICH. Comparaison que l'on peut risquer également pour jauger les lignes vocales, à la fois lancinantes et passionnées, austères et modulées ; en la matière, le grand Eric WAGNER (TROUBLE, THE SKULL) peut également être mis à contribution.

Grâce à ces qualités d'interprétation, les morceaux, solides et concis (entre trois et cinq minutes), s'imposent comme de véritables compositions, et non seulement comme des exercices de style en matière de lourdeur. D'où un album remarquable, attachant, doté d'une authenticité et d'une personnalité appréciables dans un océan de conformisme.

Vidéos de Control Letting Go cliquez ici et de Holding Patterns cliquez ici
Alain
Date de publication : vendredi 15 mai 2020