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11/07/2020
Stygian crown
STYGIAN CROWN
 
Une fois de plus, je vais débuter cette chronique en remettant en question l'étiquetage que le label Cruz del Sur (avec l'assentiment du groupe ?) tente en vue de promouvoir le premier album de ce quintette originaire de Los Angeles. Le terme figure dans la biographie communiquée par le label : candlethrower. De cette appellation barbare, il faut comprendre que STYGIAN CROWN résulterait d'une fusion stylistique entre CANDLEMASS d'une part, et BOLT THROWER d'autre part. Je suppose que l'opération consiste à concilier les goûts des amateurs du Doom Metal épique et du Death Metal frontal. Rien ne me paraît aussi contre-productif que cette tentative, tant une écoute, ne serait-ce que superficielle conduit fort naturellement à classer STYGIAN CROWN à mi-chemin entre le Doom Metal épique et le Heavy Metal tel qu'il fut brièvement (mais durablement si l'on prend en compte l'impact et l'influence) redéfini par BLACK SABBATH en 1980 et 1981 sous l'égide de Ronnie James DIO, tel qu'il fut en outre pratiqué par IRON MAIDEN.

Car, plutôt que de charger inutilement STYGIAN CROWN de références douteuses, mieux vaut rendre hommage à la réussite objective de ce premier opus, à savoir proposer une collection solide et crédible de compositions relevant également du Heavy Metal et du Doom épiques. Il est avant tout question ici de faire voyager l'auditeur vers des contrées fantasmagoriques, une certaine lourdeur rythmique se trouvant en quelque sorte contredite et sublimée par un faisceau de paramètres.

Au premier rang desquels nous placerons le chant de Melissa PINION. Instantanément, la simple citation d'une chanteuse induit une attente d'un registre typiquement féminin. En dehors du fait qu'une voix typiquement féminine ou masculine relève juste de conventions éminemment discutables - de préjugés souvent -, il faut préciser d'emblée que, dans le cas spécifique de Melissa PINION, nous n'avons pas affaire à ce qu'on entend trop communément par un chant typiquement féminin. Melissa PINION déploie avec une maîtrise techniquement parfaite et vibrante en terme d'interprétation un registre médium qui correspond en tous points avec les exigences de puissance et de variations épiques. Je mets au défi quiconque d'attribuer un sexe à la plupart des lignes vocales, tant elles imposent naturellement et brillamment leur caractère universel. Aucune mignardise ou démonstration pseudo-classique dans son interprétation, juste une prestation au niveau des plus grands. Rien moins...

Les guitares de Nelson Tomas MIRANDA et de Andy HICKS trouvent à s'épanouir, aussi bien au fil de solos très construits et de riffs granuleux (d'où peut-être la référence excessive à BOLT THROWER ?), au gré de structures bâties sur un agencement judicieux de séquences différentes en termes de rythmes, de tempos (bien que pas grand-chose n'excède le mid tempo) et d'ambiances.
En soutien, la section rythmique tenue par Rhett A. DAVIS (batteur, ancien du magnifique et fondamental groupe de Doom Death MORGION) et par Jason THOMAS combine à merveille pesanteur hiératique et nécessaire mobilité rythmique.

L'ensemble de ce dispositif se déploie au fil de compositions relativement amples, s'étageant entre six et huit minutes, avec une construction dramatique redoutablement efficace (on relève plusieurs références orientales qui évoquent immanquablement le titre Powerslave de IRON MAIDEN et le Egypt de DIO).

Incontestablement, ce premier album devrait sans coup férir convaincre les fanatiques de Heavy Metal épique (BLACK SABBATH époque DIO, IRON MAIDEN, DIO) et les fondus de Doom Metal épique (CANDLEMASS et SOLITUDE AETURNUS). Magnifique !

Vidéos de Trampled Into The Earth cliquez ici et de When Old God Die cliquez ici
Alain
Date de publication : samedi 11 juillet 2020