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06/03/2021
The life and works of death
CARCOLH
 
Lou carcolh est un escargot géant mythique qui est censé avoir causé le malheur de la ville fortifiée de Hastingues, cise dans le département des Landes. Pas étonnant que le quintette bordelais dédié à la lenteur, à la désolation et à la lourdeur, ait retenu ce patronyme pour mettre en œuvre sa conception du Doom. CARCOLH a d’ores et déjà publié en 2018 un premier album, intitulé Rising Sons Of Saturn (chez Emanes records). On peut d’emblée affirmer que The Life And Works Of Death fait montre d’une maturité plus affirmée. Il en effet ardu de caler facilement CARCOLH dans l’un des sous-genres du Doom Metal.

L’austérité du rendu sonore et le relatif dépouillement stylistique ne manqueront pas de charmer les amateurs de Doom classique, lesquels apprécieront ces riffs lapidaires et subtilement crasseux, ces motifs rythmiques lancinants et ce chant clair peu démonstratif. Ce à quoi on peut ajouter des solos de guitare divins, très construits, axés sur le feeling et la mélodie. Tenir une note et la faire vibrer vaut mieux qu’en entasser deux douzaines à la seconde… ou comment condenser les apports vibrants du Blues Rock et les extrapolations hystérisées qu’en fit le maître Tony IOMMI, sans ignorer ce sens inné du touché de cordes qui caractérise des solistes aussi marquants de Randy RHOADS et Michael SCHENKER. Je ne parle pas là de niveau technique mais plutôt de sensibilité.

D’un autre côté, CARCOLH fait montre d’une belle capacité à développer des ambiances certes pesantes et sinistres, mais incontestablement plus transcendantes que celles du Doom classique. Il faut dire que pas moins de trois morceaux sur un total de six affichent des durées conséquentes, entre huit et plus de dix minutes. Des formats qui donnent toute latitude pour mettre en place des ambiances troubles, génératrices d’une dramaturgie certes austère mais ostensiblement éloignée des préceptes terre à terre propres au Doom classique.
Quand bien même CARCOLH ne précipite pas une quelconque révolution dans la famille Doom, il en développe une version palpitante et passionnée, riche en lourdeur et en atmosphères fatalistes. Précisons que même les titres les plus arides se trouvent sublimés par une production privilégiant un rendu analogique et par un mixage axé sur la clarté et l’impact.

Dans un contexte aussi granitique de passions contenues à grand peine, le groupe s’offre avec les six minutes de la composition Aftermath une excursion plus dépouillée, moins pesante et moins oppressante, incomparablement plus touchante de par son désespoir à fleur de peau.

A mi-chemin entre l’âpreté du TROUBLE des débuts et la lourdeur habitée de DAUTHA, CARCOLH pose un sacré jalon, à même de fédérer plusieurs chapelles du Doom.

Tout ceci étant dit, il ne me reste plus qu’à vous enjoindre de vous procurer cet album de toute beauté, ainsi que je le fis moi-même.

Vidéo de Works Of Death : cliquez ici
Alain
Date de publication : samedi 6 mars 2021