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18/04/2021
Find the others
SHIVA THE DESTRUCTOR
 
Shiva le destructeur est beaucoup plus complexe que Conan le barbare. En sanscrit, Shiva se traduit par « gentil » et s’il détruit un monde, c’est pour en créer un meilleur. Shiva est à l’hindouisme ce que Lavoisier est à la chimie : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme – y compris l’Homme.
Ainsi, je note qu’avec SHIVA THE DESTRUCTOR on est plus proche des premiers PINK FLOYD que de MANOWAR. S’il fallait retenir une étiquette, ce serait du Heavy Psychedelic Rock.
Le dieu Shiva habite en haut de l’Himalaya, à deux pas de la famille Yéti. Le groupe de rock composé d’Andrii PRYIMAK (guitare, chant, claviers), Rodion TSIKRA (guitare, chant), Andrew SERNYAK (basse, chœurs), Marco SHARYI (batterie) s’est quant à lui formé en 2012 à Kiev – le coin est plus plat mais il y gèle autant.

Attention, sur Find The Others, nos ukrainiens ne tiennent pas un propos religieux, ils utilisent des personnages mythologiques comme outils pour raconter une histoire. Et quelle histoire ! Shiva fait un road trip dans le temps et l’espace qui commence à Woodstock en plein Flower Power pour s’achever dans une banlieue perdue à la périphérie de l’univers. Dit comme ça, on croirait du Douglas Adams !

La création de l’album est une autre histoire de dingues : 2 ans d’écriture et de composition, 3 mois de prises de son, 2 ans de quête d’un ingénieur capable de transcrire ce que le groupe avait en tête et, après deux essais, SHIVA THE DESTRUCTOR trouve enfin son messie en la personne de Jaroslav CELUJKO (JARO SOUND, Prague) et le mixage durera encore un an de plus. Comme me le décrit Andrii : « Jaro-le-héro ! L’homme qui a survécu à un an de débats, de remarques et de requêtes de notre part ». Donnez-lui une médaille !

Find The Others est un concept album de 45 minutes en 5 mouvements qui s’enchaînent. Le premier d’entre vous qui s’avise de passer ce CD en lecture aléatoire, je lui tirerai personnellement les oreilles ! Ce serait un sacrilège ici, pire que de regarder Star Wars dans le désordre.

Je ne suis pas un inconditionnel, ni du progressif, ni du psychédélique que je trouve souvent ennuyeux et pourtant, cet album m’a complètement embarqué.
Le voyage démarre sur les rives du Gange à Benares, par un instrumental assez heavy qui sera un terrain de lutte entre deux guitares créant des harmonies hallucinées soutenues par un clavier électrique éminemment bien dosé. Neuf minutes qui filent comme une flèche.
Hydronaut me fait plonger dans un océan de pensées qui deviennent de plus en plus inquiétantes jusqu’à cette bouée offerte par la voix rassurante et douce à laquelle je m’accroche pour ne pas être emporté par les forces implacables des mondes internes.
Je reprends mon souffle dix minutes plus tard, c’est déjà l’été.
Les choses ont l’air de s’arranger durant ce Summer Of Love – Imaginez Shiva à Chicago en pleine épiphanie love and peace, ça peut vite dégénérer mais la musique tient le cap.
Gros décrochage sur le morceau suivant. En effet, Ishtar (la Vénus mésopotamienne) rencontre Shiva au son du duttar perse joué par Anvar AZIZOV qui nous plante une ambiance à la BEATLES période Maharishi Mahesh Yogi jusqu’à l’introduction progressive d’excellentes guitares électriques balançant un riff à la limite du doom.
Notre héro finit sa course en short, surfant à Nirvana Beach, délivré de toute considération matérielle, les chakras en éventail, laissant l’air frais remplir son âme.

Find The Others est une magnifique réinterprétation contemporaine et nostalgique du mouvement hippie, un voyage initiatique à travers l’histoire du psychédélisme – c’est aussi un des mixages les plus parfaits qu’il ait été donné à mes oreilles de savourer.



Find The Others : Click’n’peace, brother
Pumpkin-T
Date de publication : dimanche 18 avril 2021