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19/05/2021
Har
DORDEDUH
 
En 2009, deux membres du combo roumain NEGURĂ BUNGET claquèrent la porte et c'est à partir de cet événement acrimonieux que le chanteur et guitariste Edmond KARBAN, plus connu sous le pseudonyme de Hupogrammos, et son complice guitariste Cristian POPESCU, alias Sol Faur, lancèrent le projet DORDEDUH. Avec à la clé un EP deux titres, Valea Omului, et surtout un premier album magnifique, Dar de duh (2012). Depuis hélas, aucune nouvelle du tandem, jusqu'à l'arrivée de Har, second album qu'on n'attendait plus.

Cela dit, le duo, renforcé par deux acolytes, ne s'est pas moqué du monde et propose huit compositions, pour une durée totale d'une heure. Des durées aussi conséquentes peuvent se traduire par une sensation de lassitude pour l'auditeur ; je peux vous assurer que, dans le cas présent, ce format permet une immersion totale dans le projet artistique dense, varié et ambitieux. Car, si les racines propres à DORDEDUH plongent dans la vélocité agressive du Black Metal, on ne saurait ranger Har dans cette catégorie, sauf à passer complètement à côté du foisonnement permanent, alimenté par quantité d'autres styles musicaux. Pour demeurer dans le Metal extrême, certaines rythmiques saccadées évoquent le Thrash, tandis que quelques lourdeurs et des vocaux caverneux penchent du côté du Death Metal.

Pour autant, comment ne pas relever l'influence prégnante du Rock progressif, que ce soit dans les structures multipliant les breaks et et les changements d'ambiances ou dans les vocaux paisibles, parfois harmonisés. Il faut dire qu'en composant trois morceaux au-dessus des dix minutes, le groupe s'est construit une ère propice aux développements alambiqués et aux contrastes saisissants.
L'influence Folk balkanique s'insinue constamment, sous forme d'arrangements prodigués par des instruments acoustiques (mandole, tulnic, hammered dulcimer) ou de thèmes musicaux. Cependant, il faut louer le fait que DORDEDUH tourne le dos à un usage festif ou simplifié de cet héritage Folk, au profit d'une appropriation dans le cadre d'un projet avant tout dramatique et torturé.
Egalement très présents, les synthés créent des ambiances sombres ou orchestrales particulièrement crédibles et prenantes, presque mystiques sur certaines séquences.

Le moyen le plus simple pour l'auditeur d'appréhender cette œuvre consiste à larguer les amarres et se laisser ballotter au gré des changements de rythmes, de tempos, d'atmosphères. Il faut accepter de subir en profondeur cette longue déambulation, tout à tour apaisée et intimiste, grandiose et furieuse. A cette condition, DORDEDUH vous garantit un voyage haut en couleurs et riche en émotions.

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Alain
Date de publication : mercredi 19 mai 2021