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26/05/2021
Anno mille
SOMMO INQUISITORE
 
Ce tout premier album de SOMMO INQUISITORE va nous permettre de disserter autour de cette fort belle question : est-il possible de s’inscrire pleinement dans une tradition artistique et de néanmoins afficher une personnalité propre ? La biographie fournie par le label n’apportant que fort peu de précisions quant aux antécédents des trois membres du groupe, nous allons pouvoir nous consacrer pleinement au contenu musical.

Pour en revenir à notre question initiale, il nous faut au préalable baliser le terrain en précisant la tradition revendiquée par le groupe, à savoir celle d’un Heavy Metal originellement européen, structurellement relativement complexe, ponctué de nombreux changements de rythme et de tempo, avec des solos de guitare brillants, très construits tant du point de vue technique que mélodique, avec un chant particulier qui incarne une narration dramatique affirmée. Officiellement, SOMMO INQUISITORE se réfère à KING DIAMOND et à HELL (formation britannique de la NWOBHM, tirée de l’oubli par le guitariste et producteur Andy SNEAP, ex-SABBAT et actuel JUDAS PRIEST). A ces deux noms, on peut légitimement adjoindre MERCYFUL FATE, WITCHFYNDE, DEATH SS et PAGAN ALTAR pour faire bonne figure (la liste n’est pas exhaustive).

Rappelons aux novices les règles du jeu. Tout repose sur une section rythmique nerveuse dans son rendu – frappe sèche du batteur Piero ARIONI et lignes très métalliques et tendues du bassiste -, habile dans l’administration de contretemps et de breaks soudains. Sur ce canevas, le guitariste pose des riffs brefs, concis, nerveux, et se fait fort de proposer des solos étincelants, parfois porteurs de réminiscences néo-classiques. Rien d’ostentatoire, rien d’inutilement démonstratif, la prestation est brillante et équilibrée : remarquable, en somme. Saluons donc l’abattage d’Andrea MATTEI, par ailleurs en charge de la basse et des claviers !

Concernant le chant, il s’avère particulier sur deux plans. En premier lieu, en choisissant de chanter en italien, le pseudonymé Sommo Inquisitore offre inévitablement une musicalité bien spécifique à ses lignes de chant, contredisant avec énergie et pertinence l’adage stupide selon lequel seul l’anglais convient au Rock en général et au Metal en particulier. Certes, la diction propre à l’italien apporte une certaine rondeur, mais elle n’exclue aucunement une nervosité et une théâtralité particulièrement propices au Heavy Metal. Aucun exotisme déplacé donc, mais bien un particularisme tout à fait utile, s’exprimant dans un registre médium à grave, nerveux, capable ponctuellement de démonstrations de puissance, mais avant tout axé sur une combinaison réussie d’efficacité et de théâtralité.

Au chapitre de la théâtralité, il faut bien entendu intégrer le concept gothico-historique adopté par le trio. Faisant appel à des stéréotypes bien ancrés dans la psyché européenne depuis le XIXème siècle (lettrage gothique, crypte, religieux encapuchonné, supposée sorcière soumise et enchaînée), le groupe ne fait certes pas preuve d'originalité, mais il convoque un univers codifié cohérent et crédible. Pervers que nous sommes, nous acceptons bien volontiers de nous plonger pour la énième fois dans un tel univers, tellement évocateur.

Vidéo de Pestilentia cliquez ici
Alain
Date de publication : mercredi 26 mai 2021