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17/06/2021
Season of the witch - chapter 2
ARTEAGA
 
Ma curiosité piquée par une inhabituelle photo de couverture, je n’ai su résister à l’envie d’en savoir plus sur le second chapitre de Season Of The Witch, un album d’ARTEAGA, groupe chilien de proto-stoner psyche occulte façon seventies.

« Sérieux, mec ? Une photo avec un âne ! J’ai déjà vu plus occulte comme pochette d’album… il n’y a même pas de bouc ! » – dis-je à Francisco GONZALEZ pour rire.
« On vit au pied de la Cordillère des Andes, on fait de la rando, des barbecues et des activités de plein air. Les confinements dus à la pandémie nous ont privé de tout ça, ça a été assez stressant. Avec cette couverture on a voulu refléter un sentiment de liberté, nous échapper, traverser la chaîne de montagnes à la recherche de nouveaux horizons. Et quoi de mieux qu’un âne pour nous aider et porter nos biens les plus précieux ? » – me répondit-il.
Le détail qui tue sur cette pochette au look volontairement vieillot, c’est le cercle d’usure que laisserait le vinyle sur le vernis de couverture après quelques années de manipulation.

Tant que je tenais Francisco j’en ai profité pour qu’il m’explique le nom du groupe : « Pourquoi ARTEAGA ? Chaque fois que nous étions bourrés, un ami répétait ce nom en boucle. Ça sonne bien, c’est tout. En 2014, à la création du groupe, on s’appelait HUMANA, mais il y avait un autre groupe chilien qui se nommait ainsi donc on a changé.»

Season Of The Witch Chapter 2 fait suite, comme vous vous en doutez, au chapitre 1 (EP 3 titres). Avant la pandémie de Covid les plans du groupe étaient de sortir une trilogie d’EP. Finalement, le confinement sanitaire a bousculé leurs projets et a permis d’enregistrer les deux derniers chapitres sur ce seul album, mais avec des moyens et des conditions contraintes (couvre-feu).

Avec Vicente ZAMORANO (Golden Dawn Recordings) qui a coaché les sessions d’enregistrement live et mixé l’album, le résultat est un hard rock, teinté de stoner, de doom et de psyché. Le son seventies fait la part belle aux multiples effets des guitares. De son côté, Oriana PORTUS enrichit les ambiances par des sons de synthé et de mellotron très psychédélique. Les vocaux sont mixés légèrement en arrière ce qui renforce l’atmosphère crypte voulue par le groupe.

Mon attention se fait souvent capter par les premières notes d’un album. Ici, ce fut le cas. Bruja (la sorcière) démarre par un rythme de batterie très rock du genre Running Free d’IRON MAIDEN, puis une guitare rieuse prend la parole en même temps qu’une basse vrombissante. Le riff efficace me plaît. Aux deux tiers, le synthé et la guitare viennent déglinguer le morceau petit à petit jusqu’à un final qui se meurt dans les larsens avant de renaître sur le riff. Marché conclu, je suis impatient d’écouter la suite.

Marqués De Sade commence par l’ambiance super inquiétante d’un film d’horreur sur laquelle s’agrippe un riff de doom metal et une voix plaintive. C’est parti pour presque 12 minutes en slow tempo, dans une ambiance de heavy psyche malsaine que j’affectionne. J’offre à ARTEAGA sa première médaille « Sorcière d’argent de l’occultisme ».

La troisième plage – Serpiente – me projette dans les grandes années de BLACK SABBATH, celles avec Ozzy, bien sûr – sombre, sinueux et j’en redemande !

Viaje N°1 est un voyage, ou plutôt un « trip » (dans les deux sens du terme) extrêmement halluciné qui dure un petit quart d’heure. Les paroles au parfum d’érotisme arrosé de substances illicites sont lâchées pendant le premier tiers du morceau. Les 9 minutes restant sont un instrumental qui ne fait plus de doute : il traîne un truc bizarre dans l’air des Andes, certainement plus proche des spores de champignons que des folkloriques condors et flûtes de paon.

Sur le ton d’un bon hard rock des années 70, Sátiro reprend ce registre hybride entre diablerie et luxure vampirique saupoudrée de fines herbes. Excellente introduction à l’instrumental final Holocausto Cannibal, une ligne psychédélique planante menée dans un gros nuage de fumée par la basse de leur ami Andy SHARDLOW et habilement enluminée par le sax de Martin LUDL.

Season Of The Witch a réussi à accrocher le fan de proto-metal que je suis. L’histoire nous enseigne que BLACK SABBATH a voulu transposer en musique ce que lui inspirait le cinéma d’horreur dont les musiciens étaient fans. J’ai tout lieu de croire que le moteur d’ARTEAGA est le même avec un résultat parfois proche mais tout aussi personnel.



Depuis 2014, ARTEAGA est :
Oriana PORTUS : claviers, percussions.
Jorge HABACH: Batterie
Sebastiam MORALES : Guitare
Francisco GONZALEZ: Chant, Basse


Premier single de l’album :
Sátiro : Cliquez ici
Pumpkin-T
Date de publication : jeudi 17 juin 2021