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11/09/2021
Rock hard
THE RODS
 
Certes, le Hard Rock a fortement animé la décennie 70 mais, à la fin de celle-ci, le genre paraît en nette perte de vitesse, en partie ringardisé par l'énergie brute du Punk. Côté européen, LED ZEPPELIN n'est plus omniprésent et a perdu l'essentiel de son mordant, DEEP PURPLE est séparé, BLACK SABBATH s'enlise, UFO perd son soliste majuscule au moment où le succès est là, THIN LIZZY a manqué son momentum américain ; de l'autre côté de l'Atlantique, AEROSMITH s'étiole dans la poudre blanche, GRAND FUNK RAILROAD a connu des jours meilleurs, KISS se vautre dans les sucreries commerciales, BLUE ÖYSTER CULT veut à tout prix passer à la radio. Certes, quelques groupes entretiennent la flamme : les patients JUDAS PRIEST et SCORPIONS, les bouillants AC/DC, les barbares de MOTÖRHEAD...

Mais Hard et Heavy retrouveront une seconde jeunesse à la charnière des années 70 et des années 80. Certes, la fameuse NWOBHM jouera un rôle déterminant mais, c'est tout autour du globe que de jeunes formations s'apprêtent à mordre. Dans le mouvement, des groupes composés de musiciens plus expérimentés vont également tenter leur chance.

Ainsi, en provenance de l'état de New York, trois vétérans forment THE RODS. Vétérans car le guitariste David FEINSTEIN n'était pas un perdreau de l'année, ayant réalisé un tour de piste au sein d'ELF, au côté de son cousin Ronald PADAVONA (qui n'allait pas tarder à se faire connaître comme Ronnie James DIO), pas plus que le batteur Carl CANEDY (qui allait effectuer un petit tour chez MANOWAR) et le bassiste Stephen STARMER. Se partageant le chant, les lascars alignaient deux reprises et dix compositions originelles, à défaut d'être originales.

Car il faut bien avouer qu'à l'époque comme aujourd'hui, le Hard Rock pratiqué par THE RODS, s'il était maîtrisé, sonnait ultra-conformiste : petits riffs, rythmiques carrées, chant nerveux, quelques relents bluesy et boogie, des tempos majoritairement médium, avec quelques passages au trot enlevé, sans compter des structures désespérément sans surprise (intro-couplet-refrain et on recommence en glissant un solo de guitare couinant).

Certes, quantité de groupes de l'époque, aguerris ou plus jeunes, s'enlisaient dans ce type de Hard totalement conventionnel, popularisé dans les années 70, mais avec autrement plus de verve, par ce grand dingue de Ted NUGENT. Pour ne prendre qu'un exemple, un groupe comme RIOT n'était pas forcément plus novateur mais, à force de fougue et de panache, parvenait à insuffler une classe et une énergie communicatives.
Quant aux reprises, il s'agit de versions honorables de Sit Down Honey, qui figurait sur le premier album d'ELF (1973), et de You Better Run des YOUNG RASCALS (tiré du troisième opus de 1967, Groovin').

Entendons-nous bien, rien n'est ici déshonorant, juste trop générique, trop planplan (avec la ballade bluesy et psychédélique Woman sortant toutefois quelque peu du lot), pour qu'on prétende aujourd'hui nous faire redécouvrir une pépite oubliée.

Vidéo non officielle de Power Lover : cliquez ici
Alain
Date de publication : samedi 11 septembre 2021