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14/09/2021
The hunger artist show
GYNOID
 
Question de style :
Situés quelque part entre du noise rock et du sludge metal, les grecs de GYNOID nous gratifient d’un premier album extrêmement efficace et très puissant : The Unger Artist Show. Je précise que ce groupe appartient à la scène underground qui est aujourd’hui presque synonyme de DIY scene (pour Do It Yourself). Aussi, les amateurs de rock politiquement correct, bien propre et surproduit peuvent passer leur chemin sans vexer personne – ce n’est simplement pas pour eux.

Associations de pensées :
Certains rythmes et le minimalisme de plusieurs passages me font parfois penser à SHELLAC. Le charisme de Spyros (chant, guitare) et son aptitude à se laisser habiter par l’interprétation me rappellent Peter MURPHY du temps de BAUHAUS mais avec moins de réverbération et plus de fantastiques cris. Je ne parle pas ici de timbre ni de tessiture mais de posture.

Histoires et paroles :
Le titre de l’album est en référence à l’Artiste de la faim de Franz KAFKA. À l’instar de cette nouvelle, les paroles sont majoritairement dures et dramatiques. À titre personnel, le titre qui m’a le plus touché est ce terrible morceau sur l’anorexie : My Mirror, My Master. Dans tous les cas, les paroles flirtent avec une forme ou une autre de psychose individuelle ou de dérèglement social et, dans ce contexte, les lignes de chant sont en adéquation totale avec les sujets. Pour résumer : c’est pas mal flippant.

Mes incontournables de l’album :
- The Collar : J’adore ce rythme lourd et puissant qui pousse en avant, la voix avec un flux qui renforce les pulsations du riff. Je suis dingue de ce petit passage où la basse hérite toute seule du riff et accompagne le chant qui vire à la folie.
- Garbageman (Apeman) : Le titre commence par une guitare qui sonne à la façon d’un NIRVANA déglingué à base de sons malsains. Ce titre offre surtout une performance d’acteur en premier plan au chanteur, il se démène comme un tordu avec basse-batterie comme seul support et derrière on sent la guitare piaffer d’impatience. C’est tout simple, très dépouillé mais tellement bien fait ! Evidemment, la gratte revient pour un final intense et très électrique.
- My Mirror, My Master : Des notes de guitares très claires sont égrenées en boucle dans une gamme inquiétante, la voix est toute douce mais je ressens un gros malaise. Et puis ça tourne, ça tourne, ça tourne de plus en plus fort jusqu’à se vriller dans l’âme. La guitare est de plus en plus hargneuse, le chant de plus en plus déraisonnable et je pénètre directement dans l’atrocité de l’anorexie qui petit à petit efface une vie.

Les maux de la faim :
The Hunger Artist Show libère une très haute intensité dramatique. La musique n’est pas complexe, il n’y a ni solos ni démonstrations techniques d’aucune sorte. En revanche les trois musiciens sont à leur place et déploient toute leur énergie au service des cruelles histoires portées par un chanteur-crieur-comédien à la prestation bouleversante. C’est un album qui mérite d’être découvert, en tout cas un coup d’essai qui m’a convaincu.

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GYNOID est composé de :
- Spyros TSALOUCHIDIS : Chant, guitare
- Panagiotis DEDIS: Basse
- Nikos DIMITRIOU: Batterie

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Streaming complet de The Hunger Artist Show :
- The Hunger Artist Show : Cliquez ici, si vous osez
Pumpkin-T
Date de publication : mardi 14 septembre 2021