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16/10/2021
The rods
THE RODS
 
Dans ma chronique de la réédition par High Roller du premier album du trio new yorkais THE RODS, je n’avais pas été tendre avec Rock Hard, album proposant un Hard Rock très générique et peu remarquable (relire ici : cliquez ici). Possédant depuis des années son successeur (bizarrement sans titre), je suis de fait plus familiarisé avec le répertoire mis en avant par le trio en 1981. Du point de vue du style, rien n’a fondamentalement changé : David FEINSTEIN (guitare et chant), Carl CANEDY (batterie et chant) et le nouveau venu à l’époque Garry BORDONARO (basse et chant sur un titre) se cantonnaient à un Hard Rock on ne peut plus basique : petits riffs tranchants rehaussés par des solos de guitare criards et bluesy, chant direct et nerveux, rythmique binaire, le tout dans la droite lignée du Hard nord-américain tel qu’il fut popularisé dans les années 70 par GRAND FUNK RAILROAD, BACHMAN TURNER OVERDRIVE et Ted NUGENT.

Ceci dit, on constate une écriture plus affûtée, pour un résultat plus efficace que sur l’album initial, et ce, qu’il s’agisse des tempos médium ou des morceaux plus enlevés. Bien que peu inspirés, les riffs et les solos se trouvent efficacement agencés et apportent leur dose d’électricité primitive, dûment adossés au duo rythmique solide, mais aussi capable d’une certaine souplesse, comme sur le bluesy et délicat Woman. En somme, des morceaux plus variés, mieux travaillés, parfois pourvus d’arrangements pertinents, tout cela aboutit à davantage de maturité. Point commun avec Rock Hard, The Rods comporte pas moins de deux reprises. La première allait chercher dans la rareté obscure puisque Nothing Going On In The City était à l’origine un titre Rock énergique et direct par le groupe hollandais WHITE HONEY ; lequel subit ici un traitement ultra-nerveux et percutant du meilleur effet. Nettement plus étonnante est la réappropriation de Ace In The Hole, composition initialement écrite par le chanteur Robert FLEISCHMAN (premier détenteur du micro chez JOURNEY) pour son premier album solo Perfect Stranger (1979) ; on pouvait craindre une approche pataude de ce morceau d’AOR, mais on découvre un titres respecté dans son esprit initial, joliment musclé, surtout splendidement servi par le chant chaud et vibrant du bassiste BORDONARO. Après avoir entendu sa prestation vocale, on ne peut que constater qu’il est de loin le meilleur chanteur du groupe et que THE RODS aurait sans doute gagné en personnalité en lui cédant définitivement le micro !

Le progrès se constate en outre du côté de l’interprétation et de la production. La première se trouve bien plus adaptée à la nature de chaque morceau. Quand le tempo l’exige, le trio met le pied dedans et distribue les beignes avec un bel entrain (écoutez la doublette introductive Power Lover et Crank It Up, vivifiante comme du Ted NUGENT). S’il faut lever le pied pour se faire plus lourd ou plus subtil, les trois compères s’adaptent relativement bien.
En peu de temps, les lascars étaient parvenus à injecter de l’énergie et une dose de nuance dans leur Hard Rock standard, ce que cette réédition (augmentée de Getting Higher, face B de single) permet de constater. Du coup, je conseille l’acquisition optionnelle de cet album fort sympathique.

Vidéo non officielle de Woman : cliquez ici
Alain
Date de publication : samedi 16 octobre 2021