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03/11/2021
Songs from the deepwater
STONE FROM THE SKY
 
Songs From The Deepwater est le troisième album de ce trio originaire du Mans ; il fait suite à Fuck The Sun (2017) et à Break A Leg (2019), la discographie du groupe comportant en outre un copieux premier EP (NGC 1976, paru en 2015), deux live (Live In Agger, 2017, et Live In La Grange, 2020), ainsi que des splits. Jusqu’à présent, le combo se satisfaisait d’évoluer sous la bannière du Stoner instrumental. Mais il semblerait bien que Songs From The Deepwater marque fortement une volonté de s’affranchir des chapelles, des étiquettes trop évidentes, toujours trop restrictives. De l’aveu même de la biographie fournie avec l’album, il sera désormais question de laisser libre cours à des influences moins solaires, quoique tout autant électriques : en vrac, Post Rock, Post Hardcore, Screamo, n’en jetez plus ! STONE FROM THE SKY semble vouloir à tout prix afficher une distance par rapport aux rondeurs et aux épaisseurs propres au Stoner…

Dans les faits, les sept compositions instrumentales de ce nouvel album ne renient rien du passé, s’appuyant notamment sur un tandem rythmique basse-batterie capable de faire montre d’une souplesse étonnante au vu de la sévérité affichée. Ainsi, les lignes de basse prodiguées par Dimitri, métalliques, âpres, tendues et rugueuses, apportent l’essentiel sur le versant éruptif et dévastateur, là où quantité de groupes miseraient sur des riffs de guitares. Pour sa part, le batteur Simon combine la sécheresse sévère d’un tenancier rythmique intraitable, avec moult fioritures qui décuple l’intensité, sans refuser des prestations par moments plus nuancées, voire félines.

Avec une assise aussi granitique que contrastée, aussi sévère que capable de subtilité, le champ des possibles se libère pour la guitare. Je vous prie de croire que le préposé à la six cordes, Florent, s’empare des spectres plus aigus avec pertinence et efficacité. Dissonance, acidité, douceur simple et apaisante, zébrures orageuses, le bonhomme se permet à peu près tout, multipliant les contrastes, entre structures progressives, textures psychédéliques et/ou spectrales.

En sus de la qualité de l’interprétation et de la mise en son, il faut souligner que STONE FROM THE SKY s’attache à proposer des compositions qui, pour être instrumentales et donc dépourvues des ancrages vocaux classiques (couplets, refrains, chœurs, harmonies), n’en demeurent pas moins mues par une logique, tant rythmique que mélodique et dramatique. Signalons toutefois que, si l’album demeure fort majoritairement fidèle à la vocation instrumentale initiale, on entend nettement une voix sur l’ultime titre Talweg.

Toujours aussi libre (et en autoproduction), STONE FROM THE SKY s’ébat à la confluence du Stoner Rock, du Desert Rock, du Post Hardcore (ISIS, NEUROSIS), d’un psychédélisme hivernal - il n’est pas interdit de songer à la Cold Wave des années 80, au Shoegaze (MY BLOODY VALENTINE, LUSH, RIDE…) - bref, le trio s’émancipe de la plus belle des manières.

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Alain
Date de publication : mercredi 3 novembre 2021