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26/11/2021
Fell sorcery abounds
MORGUL BLADE
 
MORGUL BLADE est un quartette originaire de Pennsylvanie, ayant publié en 2019, en version numérique, un EP deux titres, intitulé Harbingers Of Power And The World’s End. Le label grec No Remorse records assure la sortie d’un premier album qui, a priori, coche toutes les cases du revival du Heavy Metal épique des années 80. Sauf que MORGUL BLADE semble bien déterminé à accaparer la tradition de ce type de Heavy Metal (songez aux WARLORD, MANILLA ROAD, CIRITH UNGOL, OMEN, GRIFFIN, BROCAS HELM et consorts…), ainsi que les préceptes du Power Metal, pour mieux les incorporer à une vision finalement assez personnelle, presque déroutante à évaluer dans le contexte de la troisième décennie du XXIème siècle.

Même si la production et le mixage, privilégiant un rendu organique, une clarté dans l’exposition de tous les éléments et un rendu dynamique, on est objectivement loin des livraisons surpuissantes, ultra-calibrées et très homogènes en vigueur depuis l’avènement du numérique. Formellement, on assiste donc à un compromis pertinent entre la nécessité d’assurer l’impact et le souci d’accueillir des procédés et des sonorités forcément datées. En somme, MORGUS BLADE assume pleinement ses sources d’inspiration, tout en refusant de reproduire à l’identique les défauts techniques inhérents aux années 80.

Au-delà des paramètres techniques de mise en son, le Heavy Metal développé par MORGUS BLADE incorpore de nombreux paramètres, qui déjouent in fine l’étiquette de groupe adepte d’un traditionalisme strict. Du côté des référentiels classiques, on peut citer les petits riffs secs, les guitares harmonisées, les solos de guitares simples et mélodiques, les lignes de basse galopantes, les paroles entre fantastique, légende et Histoire dramatique. Sans compter un souffle épique qui s’impose sur certaines séquences.
Afin de dépasser le Heavy Metal classique sur le plan instrumental, le groupe a pris soin d’augmenter la recette basique évoquée ci-dessus de breaks acoustiques, d’intro et d’arrangements de synthés, qui introduisent des ambiances mystérieuses et brumeuses, tout à fait complémentaires avec les velléités épiques.
Les choses se complexifient quelque peu avec le registre vocal, ou plutôt les registres vocaux, puisque se côtoient des lignes de chant âpres, menaçantes, inspirées du Black Metal, et d’autres en registre clair, très posées et mélodique, peu puissantes mais modulées, souvent augmentée d’harmonies et de chœurs.

Cette diversité tant instrumentale que vocale, voire cette versatilité, concourt grandement à créer des contrastes générateurs de dynamiques intéressantes. Surtout, elle aide MORGUS BLADE à se forger une identité propre, là où l’immense majorité des formations relevant peu ou prou d’une New Wave Of True Heavy Metal ne décolle pas de la reconstitution scolaire. Un groupe et un album attachants.

Vidéo de A Last Waltz Of Gévaudan : cliquez ici
Alain
Date de publication : vendredi 26 novembre 2021