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29/11/2021
The traveler
THE MATTERHORN PROJECT
 
À la charnière du post rock et du heavy metal, The Traveler laisse également filtrer de forts accents sludge, doom et progressif.

D’origine bulgare, Zahari TZIGULAROV est un multi-instrumentiste et producteur installé depuis quinze ans dans le Colorado. Ces deux dernières années, il composa, écrivit et réalisa seul cet EP (exceptée une aide de l’ingénieur-son Brad SMALLING du studio Evergroove). THE MATTERHORN PROJECT est donc un projet solo. Pour info, « Matterhorn », c’est le mont Cervin en anglais mais en l’occurrence, c’est aussi le nom du boulevard d’Indian Hills où se situe le studio d’enregistrement de Zahari.

Les trois chansons et les deux instrumentaux de cet album m’ont ensorcelé dès la première écoute. Le son possède un impressionnant relief qui met en valeur des compositions très originales, perchées bien au-delà des structures traditionnelles du heavy metal. Ici, la spécialité semble consister à jouer sur d’intenses contrastes en imbriquant des plages d’ambiances hypnotiques et inquiétantes avec des riffs pesants.
Le paysage sonore est exceptionnellement riche et si j’avais un conseil à vous donner, ce serait d’écouter The Traveler les yeux fermés. Dans cette situation, je garantis une avalanche de sensations et d’images. Il y a quelque chose de cinématographique dans la musique de Zahari, une sorte de doom en 3D sur écran géant avec sa charge de suspense, ses fulgurances et ses coups de théâtre.

Les règles du jeu sont posées dès le titre d’ouverture. En sept minutes, Traveler passe par plusieurs stades : après la lourdeur écrasante d’un riff doom, un coup de théâtre à 2’30 ramène une accalmie durant laquelle ne subsiste que le son clair d’une guitare aux notes égrenées, avant que la rythmique heavy ne se remette progressivement en place jusqu’à retrouver l’intensité du début. Les paroles énigmatiques transmettent des sentiments qui soufflent le chaud et le froid.

Inspiré par le roman de Stephen KING, Dead Zone commence par une mélodie sombre emplie des échos du temps. Soudainement, les multiples ramifications de futurs possibles mutent en un inexorable assaut sonore. Puissant final !

L’instrumental Forward est une métaphore de la récurrence de la vie basée sur une série de notes en boucle qui me font penser à Aiôn, dieu grec du temps cyclique. Sur ce court titre en particulier l’intensité dramatique du son devient quasiment palpable. Magnifique.

Reconciliation est la réflexion de quelqu’un qui se réconcilie avec la personne qu’il est devenu. C’est peut-être le morceau le plus typique de cette propension à faire s’entrechoquer ambiances et riffs. Je savoure cyniquement ce délicieux moment où une guitare lourde renforcée par une basse destructrice s’abat sur une pauvre boucle de notes claires sans défense.

Pour clôturer l’album de belle manière, il y a North, le second instrumental très synthétique et pourtant vivant, lancinant, mystérieux.

Sur fond de poésie sombre, The Traveler est un album bourré de créativité et au mixage parfait. Chaque son est une image, chaque morceau est un feu d’artifice de sensations.

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Streaming de l’album :
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Pumpkin-T
Date de publication : lundi 29 novembre 2021