17 / 20
05/12/2021
Accelerator
FAITH AND FIRE
|
||
Aussi bizarre que cela puisse paraître, l’album dont il est ici question est en fait paru initialement en 2006. Il s’agit ici d’une réédition, avec une version double CD (avec seize pistes supplémentaires, issues de démos et de répétitions) et vinyle simple. Pourquoi, de mon point de vue, est-il utile de vous signaler si tardivement cet album ? En premier lieu parce qu’il est le fait de musiciens reconnus et que, pour certains, j’apprécie grandement le travail. En second lieu parce qu’il représente une pépite à la confluence entre Hard Rock et Heavy mélodique.
Débutons par les présentations. FAITH AND FIRE et Accelerator sont les fruits d’une collaboration ponctuelle de quatre praticiens aguerris. A la guitare, nous trouvons Mike FLYNTZ, connu pour avoir le second guitariste de RIOT au côté du regretté Mark REALE, à partir de l’album Nightbreaker en 1993 ; il demeure actif dans la prolongation en mode Power Metal sous l’appellation RIOT V, suite au décès de REALE en 2012. A la basse, on entend le redoutable Danny MIRANDA, qui transita de BLUE ÖYSTER CULT à QUEEN. A la batterie, John MICELI exerça son talent de frappeur avec RAINBOW et BLUE ÖYSTER CULT. Enfin, au chant, on trouve Tony MOORE, un vocaliste qui représente énormément pour moi : en 1988, l’album Thundersteel de RIOT m’éblouit de manière définitive, notamment par son chant haut perché, acrobatique, ô combien acrobatique. Deux ans plus tard, l’album The Privilege Of Power confirma le talent funambulesque du chanteur. Il ne se reconnecta au destin tortueux de RIOT qu’en 2011, pour l’album Immortal Soul, particulièrement réussi. Certes, nous disposons d’une formation aguerrie et affutée. Cependant, la conjonction de l’expérience et des talents individuels n’ont jamais constituée une garantie de réussite collective. Concernant le versant de l’interprétation, assurons d’emblée que les membres de FAITH AND FIRE brillent de mille feux, au service du collectif et des compositions, plutôt qu’à la recherche d’une gloriole personnelle. On soulignera tout particulièrement la technicité et le feeling incroyables des interventions de Mike FLYNTZ, qui mérite amplement de se dégager de l’ombre portée du défunt Mark REALE. Solide dans les riffs, délicat dans les arrangements mélodiques, brillants dans ses solos, le guitariste met entièrement sa technicité au service de l’émotion et de la dimension mélodique, basculant avec une aisance surprenante entre efficacité et relative complexité (suivez les rythmiques rampantes et évolutives du morceau éponyme, vous comprendrez mieux). Au risque d’abandonner (bien volontiers) toute objectivité, j’affirme que la réussite de l’album repose en grande partie sur la prestation de Tony MOORE qui, s’il n’adopte pas systématiquement le registre puissant et suraigu propre à Thundersteel et The Privilege Of Power, n’en propose pas moins quelques incursions nerveuses et acrobatiques. Mais le plus intéressant se révèle dans sa capacité à évoluer dans un registre oscillant entre médium et aigu, fuyant l’excès démonstratif pour privilégier une interprétation plus sensible et nuancée. Entre les performances passées, à la limite de l’hystérie paroxystique, et l’approche ô combien plus nuancée, mais tout autant typée, notre homme s’adjuge la première place du podium. Les qualités respectives des interprètes sont amplement avérées sur cet album, mais, à elles seules, elles ne suffiraient pas à faire de cette tardive réédition un impératif. Car il s’avère que les talents conjugués des quatre conjurés ont produits des compositions à la fois très référencées et monstrueusement efficaces et maîtrisées. Vous voulez du Hard Rock rapide, nerveux et racé (Everything, Avenue Z, Faith And Fire) ? Du Hard Rock accrocheur et mordant (America) ? Du romantisme en mode Heavy et tempo lent (Angel, Ashes, Villanelle, Breathe) ? Du Heavy Metal musculeux (Ready) ? Des piques de vitesse racées (Fallen, Radio Superstar) ? Du Hard & Heavy plus complexe (le titre éponyme) ? La combinaison de compositions fortes – quoique très typées – et d’interprétations à la fois maîtrisées et vivaces, concourent à faire de cet album une acquisition très fortement recommandée. Sensations fortes garanties, même quinze ans après la première sortie de cet opus. Vidéos de America cliquez ici, Accelerator cliquez ici et Everything cliquez ici
Alain
Date de publication : dimanche 5 décembre 2021 |