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22/12/2021
Il diavolo, la peste, la morte
PACHIDERMA
 
Autant vous prévenir d’entrée de jeu, on va ici se risquer sur le bizarre, on va quitter les sentiers balisés, les terrains connus, les repères risquent fort de s’estomper. PACHIDERMA est un projet qui vit le jour en 2017 sous l’impulsion d’un batteur et d’un bassiste qui, se trouvant fort aise en leur compagnie réciproque, décidèrent de se passer d’autres complices. Tout juste un troisième larron est-il mentionné pour les visuels… pas banal ! Une basse, une batterie, pourtant il ne sera pas question de Bass’n’Drums mais d’une sorte de Stoner Sludge instrumental, tout autant porté sur les ambiances glauques que sur les montées en pression puissantes.

Le batteur peut se contenter de marquer laconiquement le tempo, pour mieux intensifier son jeu et exploser toms et cymbales dans une orgie paroxystique. Suivant un schéma analogue, la basse va se faire tendue et dépouillée, austère et sévère, pour mieux se saturer massivement et délivrer des lignes massives, grondantes, grasses et sales. Dans les abcès les plus intenses, le duo parvient à délivrer une ébauche de groove sinistre qui ferait presque sonner NIBIRU et UFOMAMMUT comme des esthètes légers !

Hormis une intro de plus de trois minutes, les trois morceaux principaux - qui reprennent pour titres chacun une partie de l’intitulé de l’album (inspiré par les films d’Ingmar BERGMAN, pour les cinéphiles égarés) – s’avèrent être des gabarits plutôt massifs, affichant des durées excédant respectivement sept, neuf et douze minutes. Avec une formule instrumentale aussi dépouillée, on pourrait craindre un côté répétitif, avec une bonne grosse lassitude qui s’installe. D’autant plus que les tempos demeurent globalement lents…

PACHIDERMA le bien nommé tente de contourner le problème à injecter des doses massives de bruitages et d’extraits sonores de films, principalement des dialogues, majoritairement en italien. On nage en pleine série B, voire Z, avec un effet patent sur les atmosphères franchement lugubres. En somme, le procédé s’avère efficace et expressif, quoiqu’un tantinet systématique. Avec sa pochette volontairement amateur, son style austère, son évocation d’un univers cinématographique de seconde zone, cet album, disponible en format vinyle chez Argonauta et en digital et CD sur leur Bandcamp, pourrait faire l’objet d’un culte restreint auprès de certains.

Vidéo de Il Diavolo : cliquez ici
Alain
Date de publication : mercredi 22 décembre 2021