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02/01/2022
Odd conjectures
HYPNOTIC FLOOR
 
Certes le recours à des couleurs vives n’est pas rare dans le milieu psyché, mais là, j’avoue que cette sorte de poisson-lune bleu vibrant sur fond rouge a directement gaulé mes yeux et catalysé mon envie d’écouter ce qui se cachait derrière. Par chance, avec Odd Conjectures l’ivresse fut à la hauteur du flacon.

La musique d’HYPNOTIC FLOOR est à l’image de cette étonnante pochette, à la fois chamarrée, extravagante, joyeuse et mystérieuse. Il s’agit d’un chatoyant mélange de blues rock, de prog, de psychédélisme, de jazz et d’une pointe de stoner sur quelques riffs et effets fuzz. Le groupe étant autrichien et dégageant une vibration très 70s, j’aurais pu penser kraut rock mais c’est assez peu le cas : bien que l’on entende ici et là quelques rares incursions électroniques, le propos est clairement porté par les deux excellents guitaristes.
Si l’on exclut les deux titres de clôture, les 6 premières chansons ne répondent pas aux standards du rock progressif. Elles sont intenses et plutôt courtes, ce qui n’empêche pas que changements de rythmes, voire d’univers, se succèdent habilement. Toxo, par exemple, démarre sur un registre enjoué, puis bascule à mi-parcours sur un boogie effréné, et revient comme par magie à son point de départ.

Odd Conjectures se distingue également par la variété des voix qui changent de timbre et d’intention d’un morceau à l’autre, avec ou sans filtres, taquines ou langoureuses, joyeuses ou neutres, ce qui enrichit considérablement l’expression des compositions.

Les morceaux défilent, bourrés de créativité, sans jamais tomber dans de l’expérimental abscond. Tous les titres me parlent directement, me font battre du pied et m’arrachent des waouh ! d’admiration. Vous en voulez des surprises ? Go !

Feed The Octopus et sa mélodie joueuse et rythmée, presque enfantine mais qui s’achève en un déluge de fureur électrique ; Mi_Go aux saveurs orientales qui se retrouve épicé d’une guitare shootée au fuzz, sans compter le petit passage de space rock qui débouche sur une reprise jazzy ; Plastic children qui sonne comme une version psychédélique de La Grange de ZZ-TOP ; Highwayman qui porte cette touche hippie façon CANNED HEAT ; et Snail ! aussi puissant et catchy qu'un thème de James Bond mais qui partirait totalement en vrille. Des morceaux qui échappent à tout contrôle, je vous dis !

Je réserve une mention particulière aux 17 dernières minutes, c’est-à-dire à l’excellent Tagaloa avec sa rythmique désarmante et sa flûte très chaude qui répond aux guitares sur un ostinato de basse musclé et dont le final est un inquiétant paysage. Ce morceau possède un relief extraordinaire. Il est enchaîné à l’étourdissant Beinwärts dont la montée en puissance du riff hypnotique est un modèle du genre. Ces deux titres de clôture me coupent littéralement le souffle.

Quel album ! L’énorme découverte à peine digérée, je n’ai qu’une envie, m’attaquer d’urgence à leur précédent album (Foggy Bog Eyes), mais ceci est une autre histoire…

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HYPNOTIC FLOOR est composé de :
- Jonas BIESENBENDER : guitare ;
- Julian STREIT : guitare et chant ;
- Andreas GNIGLER : basse ;
- Serafin EITER : batterie.

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Découvrez l’album complet en streaming :
- Odd Conjectures : Cliquez ici !

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Illustration de couverture par Moni NIEDERLECHNER
Pumpkin-T
Date de publication : dimanche 2 janvier 2022