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09/01/2022
Lunacy
SPACE COKE
 
Vous qui avez bien navigué dans notre galaxie, vous avez dû suivre nos conseils désintéressés et profiter de l’étrange mais puissant voyage prodigué par les Américains du nord de SPACE COKE en 2018 à l’occasion de la parution de leur second album L’Appel du Vide (cliquez ici). Dorénavant, sans avoir recours à une langue étrangère, los hombres affichent avec une assurance salvatrice leur appétence conjuguée pour les rythmiques épaisses et répétitives – mais encore subtilement évolutives – et les traitements psychédéliques des mélodies.

Fondé en 2008, mais pas actif sur un plan discographique avant le EP cinq titres Neil deGrasse High EP (2017), le groupe connut une année 2018 féconde, puisqu’elle vit la parution de South Cackapulco Gold et de L’Appel du Vide. Le fort bien intitulé Lunacy convoque une fois de plus les héritages respectifs du Heavy Metal originel (BLACK SABBATH, bien sûr), le proto Heavy de BLUE CHEER et le Rock psychédélique le plus électrique.

Ici moins qu’ailleurs, dès qu’une mélodie vocale (forcément filtrée et saturée) ou une mélodie instrumentale (qu’une guitare ou un clavier vintage en soient à l’origine) se présentent, un effet épaississant, troublant et/ou planant, susceptibles de conférer une profondeur ou une épaisseur se trouve envisagés. Du coup, les riffs se font plus épais que tranchants, d’autant plus qu’ils se trouvent, judicieusement enveloppés par une épaisse brume sortant d’un orgue, des lignes de claviers, homologuant l’importance de l’orgue Hammond (passé par des cabinets Leslie, histoire d’épaissir le rendu). Cependant, il n’est pas uniquement question d’une épaisseur pâteuse et lourdingue, puisque la section rythmique insuffle un groove monumental, avec d’une part des lignes de basse énormes, d’autre part un jeu de batterie à la fois très sec au niveau de la caisse claire et mobile pour ce qui est des toms et des cymbales.

Outre l’orgue déjà évoqué, il faut évoquer les effets électroniques très Space Rock, les dialogues de film, concourent à installer un psychédélisme puissant et évocateur. Plus encore que sur les albums précédents, SPACE COKE se montre en capacité à plusieurs reprises d’insuffler une verve presqu’épique à son Metal vintage. Une remarque en passant : il serait intéressant que le groupe abandonne le recours systématique à la saturation des voix, afin de diversifier ses modes d’expression en la matière.

A l’arrivée, SPACE COKE se montre avec Lunacy en mesure de convaincre des mordus de BLACK SABBATH et de proto-Metal, les enragés du Rock psychédélique dans son versant le plus électrique, les amateurs de Stoner, voire les zélateurs de Rock psychédélique actuel (fans de BLACK MOUNTAIN, sentez-vous concernés !). Faisant preuve d’un bon goût imparable, le groupe se fend d’une reprise du Twist Of Cain, qui figurait sur le premier album de DANZIG : de quoi élargir un peu plus le spectre d’attractivité.
Alain
Date de publication : dimanche 9 janvier 2022