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13/03/2022
Deathcall
AGNES VEIN
 
Diantre, que l’entame de ce troisième album (assurée par le titre éponyme) des Grecs d’AGNES VEIN s’avère dévastatrice ! Des riffs de titan qui tombent lourdement sur une rythmique pesante, avant une accélération en mode charge de rhinocéros, avec un chant scandé en mode guttural et colérique (cédant le pas à quelques incursions assurées en chant clair) : ce n’est certes pas ce que l’on a fait de plus subtil au cours des dernières décennies, mais l’impact est incontestablement efficace !

AGNES VEIN est un trio grec, originaire de Thessalonique, actif depuis le début du siècle présent. Deathcall est le troisième album du groupe, faisant suite à Duality (2010) et à Soulship (2013). Les repères chronologiques montrent un incontestable hiatus discographique, puisqu’il aura fallu presqu’une décennie pour délivrer ce troisième album. Fidèle à la barre, le capitaine Sakis KIOSES, en charge du rayon guitare, a su trouver les bons acolytes en la personne du batteur Foivos (par ailleurs membre des excellents HAIL SPIRIT NOIR et de KATAVASIA) et du bassiste Lefteris.

Les trois compères ne se contentent pas de produire du lourd et du rugueux, même si une base de Doom Death charbonneux et guerrier, à la RUNEMAGICK, demeure prégnante. On trouve en effet moults changements de rythmes, de tempos, d’ambiances, ainsi qu’on constate un système de contrastes pertinents, et même salvateurs, tant ils contribuent à aérer quelque peu un ensemble porté sur un rendu massif et écrasant. Cela dit, même les moments de tempérance relative se trouvent marqués par une démarche générale portée sur les extrêmes. C’est ainsi qu’au milieu d’influences Doom, Black et Death, on rencontre des plages plus tempérées, porteuses de mélodies, fussent-elles acides au possible. Occasionnellement, le chant caverneux et impérieux s’autorise des éclaircies en mode clair, contribuant largement à l’introduction de nuances salvatrices. Dans un esprit similaire, quand les guitares abandonnent l’attaque en mode granitique, on récupère des mélodies troubles, à la limite du psychédélisme le plus trouble.

Il faut admettre que le groupe affectionne les formats conséquents, permettant tout à la fois d’installer des ambiances poisseuses et écrasantes, d’immiscer des ambiances plus subtilement mélodiques. En témoignent deux titres dépassant les sept minutes, un autre (Sovereign Star) crevant le cap des neuf minutes, enfin The Golgotha Entanglement planant au-dessus de l’album du haut de ses 10’46. Avec toujours ce souci d’animer le plan rythmique et d’éviter tout monolithisme lassant : batterie sèche mais mobile, basse très métallique et tendue.

Non seulement l’ambition est affichée, mais le résultat final s’avère globalement conforme aux objectifs. C’est ainsi que peuvent converger vers cet album les fans de MELVINS, CROWBAR, CATHEDRAL, CELTIC FROST, PANTHEIST, mais aussi KYLESA, MASTODON, YOB et quantité d’autres. Entendez-moi bien : cette énumération n’a pas pour but de faire croire qu’AGNES VEIN se résume à une accumulation d’influences cumulatives, tant le groupe les transcende pour mieux se les approprier et les intégrer dans un propos personnel remarquable et redoutablement efficace. Mazette, quel album !!!

Vidéos de Deathcall cliquez ici et de Vultures Hymn cliquez ici
Alain
Date de publication : dimanche 13 mars 2022