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17/03/2022
The icewind chronicles
ACHELOUS
 
Année après année, il devient de plus en plus évident que la Grèce constitue un havre essentiel pour le Heavy Metal épique. En effet, un public restreint mais connaisseur se fait fort de réserver un accueil fervent aux formations étrangères évoluant dans ce style ou ses dérivés. C’est ainsi que CANDLEMASS y enregistra et filma un concert (DVD et album live No Sleep ‘til Athens, 2010), WARLORD en fit de même (Live In Athens 2013), mais aussi BROCAS HELM (Black Death in Athens, 2004), FATES WARNING (le DVD Live In Athens, 2005), ICED EARTH (Alive In Athens, 2006)… Même sans enregistrements officiels, des formations comme WHILE HEAVEN WEPT, VIRGIN STEELE, MANOWAR, MANILLA ROAD, ATLANTEAN KODEX rencontrèrent la ferveur d’un public sincère et dévoué.
Qui plus est, le pays a vu naître en son sein un nombre respectable de groupes développant une dimension épique du Metal : BATTLEROAR (cliquez ici, cliquez ici, cliquez ici, cliquez ici), BLACK SWORD THUNDER ATTACK, STEEL ARCTUS, HERCULES, WRATHBLADE, DARK NIGHTMARE (cliquez ici et cliquez ici), EMBRACE FIRE, ATHLOS, REFLECTION, CLAIRVOYANT, ACID RAIN, BRAVERIDE, ALPHA CENTAURI

Le bassiste Chris ACHELOUS a rejoint en 2011 la secte du Metal épique en fondant le groupe qui porte son patronyme. A son actif, ce projet compte une démo huit titres (… A Moment Of Silence, 2012), une autre de trois titres (Al Iskandar, 2014), le EP quatre titres The Cold Winds Of Olympus (2015), un premier album baptisé Macedon (2018, Metalfighter records), le EP cinq titres Northern Winds (2021). Encore modeste mais étalée dans le temps, la discographie d’ACHELOUS accouche en ce début de 2022 d’un second album de grande qualité, un véritable exercice de style.

Premier atout, sur lequel tout le reste se bâtit : la qualité des compositions. Certes, le style demeure classique. Avec tout d’abord des structures intro-couplet-refrain, agrémentées d’une once de breaks redoutablement efficaces. Ensuite, les guitares alternent des riffs tranchants et acérés et des plans plus mélodiques, les solos se voulant incisifs et eux-aussi mélodiquement construits. Pour faire bonne figure, on savoure en outre quelques passages de guitare en son clair ou de guitare acoustique. La section rythmique colle littéralement aux riffs, privilégiant la force de l’impact, sans pour autant verser dans le bourrinage Power Metal.

Côté vocal, le chanteur Chris KAPPAS évolue dans un registre médium, avec un timbre légèrement rauque ; sans posséder un coffre ultra-puissant, notre homme se fait fort de moduler (les montées dans les hauteurs demeurent très raisonnables et maîtrisées) et d’insuffler une intensité modulée en fonction des besoins dramaturgiques. Par ailleurs, il faut impérativement saluer la prestation époustouflante de la chanteuse Christina PETROGIANNI qui, sur les titres Mithril Hall et Outcast, apporte un souffle émotionnel rare, loin des clichés du chant Metal au féminin. Enfin, les lignes vocales se trouvent fréquemment – et splendidement ! - rehaussées par des chœurs puissants, renforçant inévitablement la dimension épique.

Dimension épique garantie par l’investissement émotionnel de tous les participants, de même que par les arrangements orchestraux – qui s’ajoutent aux chœurs – et à l’adjonction de séquences subtiles et mélodiquement chargées dans un contexte Heavy Metal plutôt carré ? Sans compter que les textes sont inspirés de la trilogie Icewind Dale de l’auteur R.A. SALVATORE (déclinée en jeux vidéo). Le tout excellemment produit et mixé. Si je devais absolument livrer quelques références, je dirais qu’ACHELOUS combine le meilleur de la sensibilité dramatique propre à VIRGIN STEELE et l’amour du Heavy Metal épique musculeux à la MANOWAR, sans oublier les enseignements de base tirés des corpus respectifs de JUDAS PRIEST, IRON MAIDEN et ACCEPT. En somme, nous parlons d’une totale réussite quant à l’écriture, l’interprétation et la mise en son. Enorme !

Vidéo de Flames Of War : cliquez ici
Alain
Date de publication : jeudi 17 mars 2022